Sunwing regarde vers l’avenir

Sunwing met derrière lui la difficile expérience des Boeing 737 Max cloués au sol. Le groupe de voyage intégré va également de l’avant avec la construction de son siège social régional, marquant une présence de 15 ans au Québec.
« L’on parle d’un siège régional québécois, mais d’un centre d’appel national », s’empresse d’ajouter Colin Hunter, président du conseil d’administration et fondateur de Groupe de voyage Sunwing. Cet investissement de 12 millions appuie la construction, lancée en novembre, d’un bâtiment de trois étages à Laval devant abriter au départ les 200 employés couvrant l’administration, le marketing et la division aérienne de Sunwing. L’immeuble hébergera aussi le centre d’appels canadien du voyagiste, la décision ayant été prise de faire converger tous les appels des États-Unis et du Canada vers le site montréalais, reconnu pour son bilinguisme et son efficacité. « Nos plans prévoient l’ajout d’un quatrième étage, une décision qui sera prise en fonction du rythme de l’expansion de nos activités ici. »
Même si cet investissement était projeté avant, il s’agit d’un signal fort dans la foulée du scénario d’acquisition de Transat A.T. par Air Canada. Le président du conseil rappelle que Sunwing est enraciné au Québec depuis 2004, tout en soulignant que « la compétition sera toujours la compétition ». L’on peut également très bien imaginer une percée plus soutenue de WestJet dans l’est depuis sa conquête par Onex, de quoi alimenter une confrontation avec Air Canada susceptible d’influencer les prix. Or, Colin Hunter ne veut pas jouer au futurologue. « Nous avons démontré notre capacité à nous adapter. Aussi, l’intégration verticale de nos activités est une grande force. »
Surtout, le spécialiste dominant le marché entre le Canada et les destinations soleil a un produit à offrir. Le menu de Sunwing comprend un portefeuille hôtelier de quelque 20 000 chambres regroupées sous la marque Blue Diamond qui « va continuer de croître selon les occasions qui se présenteront ». Et les Québécois répondent à l’appel, leur demande allant de plus en plus vers les 4 et 5 étoiles, dit-il.
Été difficile
Sunwing prévoit un solide hiver, ce qui lui fera oublier un été subissant les dommages provoqués par les Boeing 737 Max cloués au sol depuis mars. Sa flotte en contenait quatre. Quelque 3000 vols ont été annulés. Il a fallu réduire la voilure, réaménager les horaires et recourir à des tierces parties. Colin Hunter ne veut pas chiffrer les pertes puisque Sunwing se retrouve dans une démarche de compensation des dommages subis auprès de Boeing, mais les résultats financiers de 2019 s’en ressentent. Selon les données publiées dans le rapport annuel de son partenaire allemand TUI Group, qui détient une participation de 49 % dans Sunwing, l’exercice clos le 30 septembre s’est soldé par une perte d’exploitation équivalant à 19,5 millions (lorsque converti au taux de 1,50 $ pour 1 euro). Mais en y greffant l’ensemble des contributions hors exploitation, l’exercice 2019 se termine avec un bénéfice de 20 millions, contre 115 millions un an plus tôt (à taux de change constant). Pour leur part, les revenus ont crû de 16 %, à 3,3 milliards.
Le 737 Max a été retiré de l’horaire se terminant mi-mai 2020. Mais si l’interdiction de vol se prolongeait au-delà, « nous avons un plan B », assure Colin Hunter sans plus de détail.
Selon les projections de Transat, l’hiver 2019-2020 s’amorce avec un accroissement moyen de 5 % des capacités offertes. « Je ne commente pas les chiffres des concurrents. Et c’est le marché qui décide. » Quant aux pressions haussières sur les prix relevées par Transat jeudi lors du dévoilement de ses résultats financiers, « les changements réglementaires y sont sûrement pour quelque chose », se contente-t-il de répondre.