Québec et Ottawa invités à miser sur la productivité énergétique

Bien que supérieure à la moyenne canadienne, la productivité énergétique du Québec accuse un retard de 14 % sur celle de l’Ontario, selon un récent rapport.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Bien que supérieure à la moyenne canadienne, la productivité énergétique du Québec accuse un retard de 14 % sur celle de l’Ontario, selon un récent rapport.

Québec et Ottawa auraient tout intérêt à mettre en place des stratégies de productivité énergétique afin d’améliorer le sort de l’économie au moment où celle-ci doit accélérer sa décarbonisation, soutient la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal dans un livre blanc publié mardi.

Le Québec et le Canada, mentionne le rapport, sont « particulièrement à la traîne » au chapitre de la productivité énergétique, une approche qui diffère légèrement de l’efficacité énergétique en ce sens qu’elle mesure aussi la valeur économique associée à la consommation d’une unité d’énergie. Des pays comme les États-Unis et l’Allemagne se sont dotés de stratégies il y a quelques années, fait valoir la Chaire.

On a la chance de vivre dans un pays où il y a énormément de ressources énergétiques, et on n’a jamais eu de véritables contraintes

« C’est important parce qu’on n’a pas réussi, au Québec, à vraiment améliorer de manière significative notre efficacité énergétique. […] Au Canada et au Québec, on est particulièrement mauvais en productivité énergétique. Dans l’OCDE, on est le pire pays. C’est-à-dire qu’on génère le moins de richesse par unité d’énergie qu’on utilise », a expliqué en entrevue le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire.

Cet état des lieux s’explique par le fait « qu’on a la chance de vivre dans un pays où il y a énormément de ressources énergétiques, et on n’a jamais eu de véritables contraintes, comme ils ont pu en vivre en Europe ou dans des pays d’Asie ». Cette abondance de ressources « à très bon prix » n’a jamais amené les gens à se poser des questions, d’où une « culture de négligence énergétique », selon M. Pineau.

Si la productivité énergétique du Québec est supérieure à la moyenne canadienne, elle accuse un retard de 14 % sur l’Ontario. De manière plus spécifique, la productivité du Québec est de 200 $ par giga joule (GJ), comparativement à 236 $ en Ontario.

« Dans le secteur de la fabrication, proportionnellement la plus importante composante du PIB québécois, le retard du Québec est notable : 109 $/ GJ contre 176 $/ GJ pour l’Ontario. Seuls l’Alberta et le Nouveau-Brunswick ont des niveaux de productivité énergétique moins élevés pour ce secteur que le Québec. Des améliorations s’imposent », ajoute le rapport. Dans le cas du secteur industriel, le Québec se classe derrière l’Allemagne et les États-Unis, où la consommation d’énergie par habitant est deux fois moins forte qu’au Québec.

Parmi les recommandations, la Chaire estime que les gouvernements pourraient greffer des indicateurs de productivité énergétique à leurs processus décisionnels et inciter les entreprises à faire de même.

Efficacité

 

Par ailleurs, un nouveau regroupement d’acteurs du secteur de l’efficacité énergétique suggère qu’Hydro-Québec attende avant de lancer de nouveaux appels d’offres pour de l’électricité. Pour générer une économie de 1 kWh chez ses clients qui participent à des programmes, il en coûte 1,5 cent en aide financière, a évalué le Conseil québécois des entreprises en efficacité énergétique (CQ3E). Le coût du bloc patrimonial est de près de 3 cents du kWh.

Parmi les membres du CQ3E figurent des sociétés comme Siemens, la Société de contrôle Johnson, Ainsworth / GDI et Bouthillette Parizeau. Dans un communiqué transmis aux médias mardi, le regroupement a rappelé que le premier ministre François Legault a insisté sur l’efficacité énergétique à l’Assemblée nationale peu après son élection.

« Au fur et à mesure qu’on va réussir à vendre plus d’électricité et donc à éliminer nos surplus d’électricité, il va falloir relancer la production, mais on va le faire dans l’ordre, d’abord avec ce qui coûte le moins cher, l’efficacité énergétique », a dit M. Legault dans son discours d’ouverture du 28 novembre 2018. « Il faut aider nos entreprises à être plus efficaces, aider les Québécois à diminuer leurs factures d’électricité. »

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