Prix du propane: les producteurs de grains demandent l'aide de Québec

Quarante-huit heures après le redémarrage des activités normales de transport au Canadien National, certains producteurs de grains du Québec n’avaient toujours reçu aucune livraison de propane vendredi, un état de fait auquel vient s’ajouter une augmentation importante des prix. Le secteur demande au gouvernement Legault d’intervenir.
Dans une lettre transmise au premier ministre, François Legault, et au ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, les Producteurs de grains du Québec (PGQ) affirment que, devant cette tournure « inacceptable », le gouvernement devrait agir « pour que cesse cette situation abusive ».
« Maintenant que la grève est réglée et pendant que le réapprovisionnement des fermes se rétablira dans un horizon d’environ trois semaines, le prix du propane a explosé alors que le marché profite du déséquilibre total entre l’offre et la demande », a écrit le président des PGQ, Christian Overbeek.
« Il importe de rappeler que le prix moyen du propane a été généralement aux alentours de 0,38 $/ litre avant la grève, alors que l’augmentation artificielle entraînée par la situation actuelle le porterait à plus de 0,59 $/ litre », poursuit la lettre. « Si aucune action ne peut être prise rapidement en ce sens, nous vous avisons que cela affectera grandement la nature des demandes d’aide en cours de discussion avec le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. »
Le gouvernement ne réglemente pas les prix du propane, a indiqué par courriel une attachée de presse du ministre Lamontagne, Laurenze Voyzelle, en ajoutant que Québec soutient le secteur et que la Financière agricole est en contact avec les producteurs agricoles touchés par le rationnement du propane. « Lors des plus récentes sécheresses [en 2018], la rareté du foin avait causé une hausse de prix et la Financière agricole avait tenu compte de cette différence de prix dans ses calculs de compensations. »
Selon le directeur général des PGQ, Benoit Legault, les premières augmentations ont été observées le 18 novembre, soit 24 heures avant le débrayage de 3200 conducteurs et membres d’équipes de manoeuvres du CN. Certaines fermes n’ont pas encore été réapprovisionnées, a-t-il dit au Devoir.
Processus de récolte
Dans le secteur agricole, le propane sert entre autres à sécher le grain et à chauffer des bâtiments d’élevage. Pendant la grève, des agriculteurs avaient conduit leurs tracteurs jusqu’au centre-ville de Montréal pour exprimer leur inquiétude.
Après l’annonce d’une entente de principe mercredi, M. Overbeek a dit que « c’est une étape importante pour le réapprovisionnement », mais que 3000 entreprises familiales « vivent des heures difficiles présentement parce qu’elles n’ont pas accès à l’énergie pour procéder à leur récolte ». Le CN a indiqué à La Presse canadienne vendredi que deux trains transportant chacun 10 millions de litres sont récemment passés dans l’Est ontarien et à Montréal.
Invité par Le Devoir à offrir des explications, un distributeur a suggéré d’appeler l’Association québécoise du propane (AQP). Or celle-ci, qui représente des producteurs et des grossistes, a publié un communiqué mercredi pour dire qu’elle « n’accordera aucune entrevue dont le sujet sera le prix du propane ».
« L’AQP est une association composée de concurrents, nous défendons les enjeux globaux de l’industrie et ça s’arrête là », a écrit son directeur général. « Dans un marché de concurrence parfaite comme le propane, la question du prix est souvent un secret commercial. Il n’est pas discuté au sein de l’association. L’AQP s’interdit donc de discuter publiquement du prix établi pour le propane par ses membres. »
La hausse des prix s’est aussi manifestée en Ontario, où des fermiers ont vu une hausse de 20 % pendant la grève. En entrevue avec Sarnia This Week, le président du conseil de l’Association canadienne du propane a dit que les prix sont liés aux prévisions des raffineries combinées, entre autres, à l’offre et à la demande.
Une version précédente de cet article, qui indiquait erronément que Le Devoir n'avait pas été en mesure d’obtenir une réaction immédiate de Québec, a été corrigée.