Exportation et développement Canada dit apprendre de ses erreurs

«Nous comprenons qu’en tant qu’agence canadienne de crédit à l’exportation, nous devons donner l’exemple aux sociétés canadiennes», affirme Mairead Lavery, présidente et cheffe de la direction d'EDC.
Photo: Sylvie-Ann Paré «Nous comprenons qu’en tant qu’agence canadienne de crédit à l’exportation, nous devons donner l’exemple aux sociétés canadiennes», affirme Mairead Lavery, présidente et cheffe de la direction d'EDC.

Exportation et développement Canada (EDC) reconnaît avoir commis des erreurs dans le passé mais estime qu’elle a pris les bonnes décisions la majeure partie du temps. C’est ce qu’a soutenu mercredi sa présidente et cheffe de la direction, en précisant que la société d’État fédérale a mis en oeuvre des mesures pour améliorer ses façons de faire.

« Lorsque nous trébucherons, nous reconnaîtrons nos erreurs, nous en tirerons des leçons et nous nous améliorerons », a dit Mairead Lavery, entrée en fonction au début de 2019, lors d’une allocution devant le Conseil des relations internationales de Montréal. « Nous comprenons qu’en tant qu’agence canadienne de crédit à l’exportation, nous devons donner l’exemple aux sociétés canadiennes. » EDC souhaite aussi « échanger davantage avec la société civile », a-t-elle dit en entrevue.

Des projerts critiqués

 

EDC, qui offre des prêts afin de stimuler les exportations et les activités commerciales d’entreprises canadiennes à l’étranger, a fait l’objet d’un certain nombre de reportages critiques depuis quelques années. Dans un communiqué diffusé cet été, par exemple, elle a indiqué qu’elle « regrette » d’avoir prêté 41 millions $US pour soutenir la vente d’un avion de Bombardier à une entreprise sud-africaine de la famille Gupta, visée par des allégations de corruption.

Le commerce international comporte des risques inhérents. Mais nos employés et nos parties prenantes, de même que le public, s’attendent à ce que nous fassions mieux.

Mme Lavery a profité de sa tribune pour revenir sur un épisode survenu en Colombie, où l’organisation a prêté 466 millions à Empresas Publicas de Medellín (EPM), une société d’État spécialisée en infrastructures, pour ses besoins généraux. EDC espérait créer des liens entre celle-ci et des fournisseurs canadiens, a-t-elle dit. La suite des choses a été largement médiatisée : en 2018, pendant la construction d’un barrage de 5 milliards par EPM, une conduite devant permettre de dévier l’eau a cédé et forcé l’évacuation de 25 000 habitants.

« Notre prêt n’était pas spécifiquement pour ce projet. Mais à la fin, cela n’avait aucune importance. Le financement d’EPM a lié le nom d’EDC à une catastrophe environnementale, économique et humaine. Le coût réel pour EDC s’est fait au niveau de sa réputation », a-t-elle affirmé, mentionnant « une perte de confiance de la part de la société civile, notre actionnaire, et de la part des entreprises canadiennes avec lesquelles nous travaillions ».

« EDC a fait l’objet de reportages percutants », dont certains remettent en question les façons de faire de l’organisation, a poursuivi Mme Lavery, qui a passé 16 ans chez Bombardier avant d’entrer chez EDC en 2014. « Nous savons qu’il peut être difficile de faire des affaires partout dans le monde. Le commerce international comporte des risques inhérents. Mais nos employés et nos parties prenantes, de même que le public, s’attendent à ce que nous fassions mieux. Ils s’attendent à ce que nous ayons des politiques et pratiques adéquates pour éviter ce genre de situation. »

Nouvelles mesures

 

L’organisation affirme avoir notamment renforcé l’analyse des dossiers et augmenté le nombre de visites faites par ses équipes sur le terrain pour évaluer les projets. EDC compte bientôt publier une nouvelle politique de divulgation pour accroître la transparence de ses activités.

Il y a un an, des groupes environnementaux ont suggéré au gouvernement fédéral d’empêcher la société d’État de prêter de l’argent à des projets du secteur pétrolier et gazier. Depuis, EDC a annoncé qu’elle ne financera plus de nouveaux projets liés au charbon. En entrevue après son allocution, Mme Lavery a dit que l’organisation est en train d’analyser l’empreinte carbone de ses portefeuilles et qu’elle mettra en place des cibles de réduction.

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