Le producteur de cannabis Hexo retire ses prévisions pour 2020

L’ouverture plus lente que prévu de magasins de la SQDC et le retard de la date d’approbation gouvernementale des produits dérivés du cannabis figurent parmi les facteurs qui jouent contre Hexo, estime le p.-d.g., Sébastien St-Louis.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L’ouverture plus lente que prévu de magasins de la SQDC et le retard de la date d’approbation gouvernementale des produits dérivés du cannabis figurent parmi les facteurs qui jouent contre Hexo, estime le p.-d.g., Sébastien St-Louis.

Le producteur de cannabis Hexo a décidé jeudi de mettre au rancart ses prévisions financières pour l’année 2020, une annonce qui a retranché 23 % à la valeur de son titre et qui survient six jours après le départ de son directeur des finances. En Bourse, l’ensemble du secteur en a payé le prix.

La société gatinoise, qui figure parmi les principaux fournisseurs de la Société québécoise du cannabis (SQDC), prévoyait initialement un revenu net de 400 millions l’an prochain. Pour l’exercice en cours, Hexo s’attend à un revenu net se situant entre 46,5 et 48,5 millions. (Le revenu net équivaut au revenu brut moins les taxes d’accise.)

« Les revenus pour le quatrième trimestre sont en dessous de nos attentes et de nos directives, principalement en raison du taux de vente des produits, lequel s’est avéré plus faible que prévu », a affirmé dans un communiqué le p.-d.g. et cofondateur de la compagnie, Sébastien St-Louis.

Parmi les facteurs qui jouent contre Hexo, selon sa direction, figure « l’ouverture plus lente que prévu de magasins, le retard de la date d’approbation gouvernementale des produits dérivés du cannabis et les signes précoces des pressions sur les prix ».

Alors que la SQDC compte actuellement 21 succursales et 22 autres chantiers, les modèles d’affaires ne sont pas tous les mêmes au Canada. Par ailleurs, Statistique Canada a indiqué mercredi que le prix moyen du gramme au troisième trimestre a reculé pour la première fois depuis la légalisation récréative, passant de 10,65 $ le gramme à 10,23 $.

Les revenus pour le quatrième trimestre sont en dessous de nos attentes et de nos directives, principalement en raison du taux de vente des produits, lequel s’est avéré plus faible que prévu

En Bourse, tous les grands producteurs canadiens ont fait les frais de l’annonce d’Hexo. Le cours du titre de Canopy Growth a fondu de 10 %, comparativement à 14 % pour Aphria, 9 % pour Aurora et 7 % pour Cronos.

« Bien que nous soyons déçus de ces résultats, nous mettons en oeuvre des changements importants à notre stratégie de ventes et d’opérations afin de générer des résultats futurs. Au cours du dernier trimestre, nous avons commencé à redéfinir nos opérations afin de nous concentrer sur les souches les plus vendues », a poursuivi M. St-Louis.

Dégringolade boursière

 

La réaction des investisseurs a eu pour effet de faire reculer l’action de 23 %, à 3,76 $. Le titre a perdu environ les deux tiers de sa valeur depuis un sommet de plus de 11 $ atteint en avril 2019.

Avec une capitalisation boursière de près d’un milliard, un peu moins de 200 millions en liquidités et des revenus inférieurs à 50 millions prévus cette année, le prix de l’action d’Hexo « est très cher payé », a dit Pierre-Olivier Langevin, gestionnaire de portefeuilles chez GPS Medici, un cabinet basé à Saint-Bruno. La firme ne possède aucun titre dans le secteur. La frénésie autour du cannabis l’an dernier s’est « dégonflée un peu », a-t-il ajouté, mais les évaluations « sont encore élevées ».

Une téléconférence prévue le 24 octobre, dans le cadre de la publication de ses états financiers trimestriels, permettra d’aller plus en profondeur, a indiqué Hexo. La société est en pleine expansion, son effectif de 822 employés au 30 avril étant cinq fois plus élevé que celui d’avril 2018.

La semaine dernière, la compagnie a annoncé la démission de Michael Monahan, qui occupait le poste de directeur financier depuis seulement le mois de mai. M. Monahan a motivé son départ en affirmant qu’il était « devenu évident que ce poste exige [qu’il] passe la majorité de [son] temps à Gatineau et à Ottawa », une situation incompatible avec les besoins de sa famille. Il était basé aux États-Unis.

Dans son rapport de gestion du troisième trimestre, terminé le 30 avril, la direction avait indiqué qu’elle se préparait à la légalisation des produits comestibles. La compagnie mentionnait alors les produits liés au vapotage, les confiseries, la boulangerie et les « boissons non alcoolisées, offertes grâce à notre coentreprise avec Molson Coors Canada ».

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