L’emploi et les salaires à la hausse au Québec

Le taux de chômage au Québec est resté inchangé à 4,9% en juillet.
Photo: Getty Images Le taux de chômage au Québec est resté inchangé à 4,9% en juillet.

Alors que le marché du travail canadien a connu un autre passage à vide au mois de juillet, le Québec continue de bien faire tant sur le front de la création d’emplois comme de la progression des salaires.

Il s’est créé 16 600 emplois nets au Québec le mois dernier, portant le total des gains en 12 mois à près de 96 000 (+2,3 %), a rapporté vendredi Statistique Canada.

Premier véritable changement en deux mois, la hausse du mois dernier a été particulièrement marquée dans les secteurs de la fabrication et de la construction et s’est uniquement observée dans les emplois à temps plein (+ 18 200), les emplois à temps partiel ayant reculé de leur côté (-1600).

Comme autant de Québécois (16 600) ont joint la population active au même moment, le taux de chômage est resté inchangé à 4,9 %, son niveau le plus faible depuis au moins 1976, date à laquelle Statistique Canada a adopté une méthode de mesure plus fine.

Ce faible taux de chômage n’est probablement pas étranger à l’accélération de la hausse des salaires à laquelle on assiste en même temps, ont observé des analystes. De 4,2 % en mai, l’augmentation du salaire horaire moyen en 12 mois était passée à 5 % le mois suivant et s’élevait à 6,2 % le mois dernier.

La moyenne québécoise cache parfois d’importants écarts entre les différentes régions du Québec, a souligné vendredi l’Institut de la statistique du Québec. Les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches affichent, par exemple, des taux de chômage aussi bas que 2,7 % et 2,3 % respectivement, contre environ 4 % dans l’Outaouais et l’Estrie, 5,8 % en Mauricie, 7,6 % à Montréal et 11,7 % en Gaspésie.

Contextes intérieur et extérieur

 

Cette performance du Québec au mois de juillet dépasse en tout point celle, pourtant loin d’être déshonorante, du reste du Canada. Plutôt que des gains, l’ensemble du pays a enregistré la perte nette d’un peu plus de 24 000 emplois au mois de juillet, le laissant malgré tout avec un total de 353 000 emplois (+1,9 %) de plus qu’à pareille date l’an dernier.

Comme le nombre de travailleurs en recherche d’emploi a aussi augmenté, le mois dernier, le taux de chômage au Canada a légèrement augmenté de 5,5 % à 5,7 %. Ajusté en fonction de la méthodologie utilisée aux États-Unis, le taux de chômage canadien s’établirait à 4,6 % en juillet, contre un taux de 3,7 % au sud de la frontière, rapporte Statistique Canada.

Le rythme des augmentations salariales s’est aussi accéléré au mois de juillet au Canada. De 2,8 % sur 12 mois en mai, il est passé à 3,8 % en juin, puis à 4,5 % le mois dernier, une première en plus de dix ans.

Le passage à vide de la création d’emplois au mois de juillet au Canada ne doit pas faire oublier sa « performance phénoménale » depuis le début de l’année, a fait valoir vendredi l’économiste du Conference Board du Canada, Cory Renner.

Le Canada et sa banque centrale chargée de fixer la politique monétaire sont toutefois coincés entre deux tendances : des conditions économiques intérieures relativement saines et un contexte international qui se dégrade », a observé Brian DePratto, économiste à la Banque TD.

« Alors que les tensions commerciales restent préoccupantes pour la croissance mondiale future, un taux de chômage pratiquement au plus bas et l’accélération des salaires donnent un coussin à l’économie canadienne », a estimé son confrère de la Banque Nationale, Matthieu Arseneau.

Étudiants au travail

 

De mai à août, Statistique Canada ajoute à son habituel portrait de l’emploi au pays des données sur le travail des jeunes de 15 à 24 ans qui fréquentaient l’école à temps plein en mars et comptent retourner aux études à temps plein à l’automne. On y apprend notamment que les trois quarts des étudiants de 20 à 24 ans étaient désireux d’avoir un emploi et que leur taux de chômage est de 7,1 %. Le taux d’activité des 17 à 19 ans était pratiquement le même (73 %), mais leur taux de chômage un peu plus élevé (12,6 %). Alors que moins de 44 % des jeunes de 15 ou 16 ans se cherchaient un emploi et que plus du quart de ces candidats (26,1 %) n’ont malheureusement pas eu de succès.

Au Québec, ce sont près de 320 000 ou 86 % des étudiants de 15 à 24 ans qui disaient se chercher un emploi cet été. De ce nombre, presque 240 000 ont trouvé un emploi à temps plein, 56 000 un emploi à temps partiel et seulement 25 000, ou 7,7 %, n’ont pas eu de succès, soit presque deux fois moins que le taux de chômage étudiant moyen au Canada qui s’élève à 13,3 %.

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