Coup de frein dans la zone euro

La croissance en zone euro a ralenti au deuxième trimestre, tout comme l’inflation en juillet, confirmant l’atonie de l’économie malgré le recul du chômage, selon des chiffres publiés mercredi qui devraient pousser la BCE à agir.
« La flopée de données économiques faibles publiées ce matin renforce les arguments en faveur de l’annonce par la Banque centrale européenne d’un train de mesures de relance lors de sa prochaine réunion » de rentrée, a estimé Jack Allen-Reynolds, analyste de Capital Economics.
Pour l’ensemble des 19 pays ayant adopté la monnaie unique, deux mauvaises nouvelles, largement attendues par les analystes, ont été annoncées par l’Office européen des statistiques, Eurostat. D’avril à fin juin, le PIB a crû de 0,2 %, contre 0,4 % au premier trimestre, selon une première estimation. L’inflation a elle aussi décéléré, atteignant 1,1 % en juillet (contre 1,3 % en juin), selon un chiffre provisoire d’Eurostat. Ce taux s’éloigne encore un peu plus de l’objectif de la BCE, pour qui le signe de bonne santé de l’économie est une inflation très légèrement inférieure à 2 % sur un an.
Dans sa dernière réunion avant les congés d’été, le 25 juillet dernier, la BCE avait brossé un sombre tableau des perspectives en zone euro. Elle avait déjà ouvert la voie à une série de mesures pour la rentrée allant d’une ou plusieurs baisses de ses taux à une possible reprise de ses rachats de dette.
L’inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui exclut par conséquent les produits particulièrement volatils) a elle aussi reculé en juillet : 0,9 %, contre 1,1 % en juin. C’est seulement sur le front de l’emploi que l’horizon continue de s’éclairùcir pour l’instant : le chômage était au plus bas depuis 11 ans à 7,5 % en juin. Il a baissé par rapport à mai, où il était de 7,6 %, selon un chiffre révisé par Eurostat.
Depuis qu’il est repassé en septembre 2016 sous le seuil symbolique de 10 %, le chômage dans la zone euro n’a cessé de reculer. Il a retrouvé en juin le taux moyen de 7,5 % d’avant la crise financière de 2007-2008. Au pire de la crise de la dette, le chômage avait atteint dans la zone euro le taux record de 12,1 % en avril, mai et juin 2013.
Or, cette bonne nouvelle est quelque peu ternie par les prévisions sur les mois à venir. « Les enquêtes sur les intentions d’embauche des entreprises donnent à penser que la croissance de l’emploi s’essoufflera, tandis que d’autres enquêtes montrent que les pénuries de main-d’oeuvre s’atténuent », a estimé M. Allen-Reynolds. « Nous doutons donc que la croissance des salaires continue de s’accélérer », a-t-il ajouté.