Le portrait de l’agriculture continuera d’évoluer

La proportion des terres de la planète consacrées à l’agriculture ne devrait pas augmenter en raison de l’amélioration des rendements, de l’augmentation de la taille des cheptels et d’autres gains de productivité.
Photo: Jeff McIntosh La Presse canadienne La proportion des terres de la planète consacrées à l’agriculture ne devrait pas augmenter en raison de l’amélioration des rendements, de l’augmentation de la taille des cheptels et d’autres gains de productivité.

Le secteur agricole sera à l’image de notre époque ces dix prochaines années, prédit l’OCDE et la FAO. Il sera ainsi notamment marqué par l’augmentation de la population humaine, la hausse de la richesse et de la consommation de viande de la Chine, la poursuite de l’amélioration de la productivité, la quête d’une alimentation plus saine, la lutte contre les changements climatiques et les incertitudes autour du commerce.

La consommation alimentaire totale devrait croître d’environ 15 % au cours des dix prochaines années, ont estimé lundi l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans leurs perspectives agricoles pour 2019 à 2028.

Essentiellement attribuables à l’augmentation de la population humaine, ces hausses n’auront toutefois pas d’impact sur les prix relatifs ni sur la proportion des terres de la planète consacrées à l’agriculture — qui s’élève actuellement à près de 40 % — en raison de l’amélioration des rendements, de l’augmentation de la taille des cheptels et d’autres gains de productivité.

Ces moyennes cacheront une grande diversité. Une économie émergente comme la Chine verra, par exemple, sa consommation de viande doubler pour atteindre une moyenne d’environ 10 kg par personne par année, alors que cette augmentation ne sera que de 2 % aux États-Unis, mais y portera le total à 100 kg par habitant par année, un nouveau record mondial. D’autres grandes économies émergentes, comme l’Inde et le Pakistan, devraient privilégier plutôt une augmentation de leur consommation de produits laitiers et de légumineuses.

Encore presque entièrement issue de la pêche dans les années 1990, l’offre de poissons et de produits de la mer provient aujourd’hui pour la moitié de l’aquaculture. Cette dernière sera la seule, les prochaines années, à répondre à la hausse de la demande, la pêche en milieu naturel ayant déjà atteint ses limites depuis quelques années.

100 kg
C’est la quantité de viande qui sera consommée par habitant aux États-Unis en 2028.

En même temps qu’une proportion grandissante de la population mondiale vivra en milieu urbain, il est à prévoir que la demande en aliments transformés et prêts à manger ira en augmentant. Cela risque de se traduire dans de nombreux pays en développement par une « épidémie d’obésité » qui pourrait, paradoxalement, aussi s’accompagner de problèmes de sous-alimentation et de carences en micronutriments.

Les facteurs sociaux et politiques

 

Conscients de ce danger, de nombreux gouvernements de pays riches et pauvres mettent en place des politiques visant à réduire la consommation de sucre et de graisses. Dans les pays développés, comme le Canada, les préoccupations en matière de santé et d’environnement amènent également les consommateurs à remplacer l’huile de palme par le beurre, ou encore le boeuf par la volaille.

Les efforts d’un nombre grandissant de pays visant à rendre leur agriculture et leur pêche plus durables sont susceptibles d’influencer l’évolution de la situation les prochaines années, constatent la FAO et l’OCDE. Les émissions de gaz à effet de serre imputables à l’agriculture et à la foresterie équivaudraient, par exemple, au quart des émissions mondiales. Principalement attribuables à l’élevage, à la production de riz et aux engrais de synthèse, ces GES devraient toutefois croître moins vite grâce à l’amélioration de la productivité.

Bien d’autres facteurs pourraient sérieusement venir perturber le secteur durant les prochaines années, au-delà des habituels aléas de la nature, prévient le rapport. On évoque, entre autres catastrophes, les événements climatiques extrêmes, les épidémies de nouvelles maladies résistantes aux traitements connus et les conflits commerciaux dans un monde où plusieurs pays dépendent économiquement de leurs exportations dans le secteur, alors que pour plusieurs autres, c’est l’alimentation de leur population qui dépend des importations.

À voir en vidéo