Tourisme: Sunwing n’est pas sur les rangs pour l’achat de Transat

Groupe de voyage Sunwing n’est pas dans la liste des prétendants pour Transat A.T. Le voyagiste intégré s’en tient à son plan d’affaires, qui consiste à se concentrer sur le marché des destinations soleil et à intensifier son déploiement hôtelier. L’Europe n’est pas non plus dans sa mire.
À l’instar de celui d’Air Canada ou de WestJet, le nom de Sunwing est naturellement apparu dans la liste des acteurs potentiels lorsque Transat A.T. a annoncé, le 30 avril, « être en discussions préliminaires avec plus d’une partie concernant une transaction potentielle visant l’acquisition de la société ». Colin Hunter parle de rumeurs, de spéculation. « Ceux qui ont avancé notre nom ne nous ont pas contactés », souligne le président du conseil et fondateur de Groupe de voyage Sunwing. Or, non, Sunwing n’est pas sur les rangs. Ni l’allemand TUI, le numéro un mondial déjà actionnaire à 49 % du voyagiste canadien. « On se concentre sur nos affaires. On ne reluque pas l’Europe et nous sommes très engagés dans le développement de notre portefeuille hôtelier. » Pourrait-il changer d’idée, ne serait-ce qu’à des fins défensives ou de consolidation dans l’industrie ? « La compétition se veut très vive dans notre industrie. Je ne pense pas qu’une prétendue consolidation changerait cela », répond-il.
Max 8
Sur son marché naturel, Sunwing vient de terminer un hiver qualifié de solide. « La température nous a été favorable », l’accroissement de capacité, de passagers et de chambres d’hôtel offertes ayant plus que compensé la hausse des coûts d’exploitation liés à un hiver 2018-2019 plutôt froid. « Le seul problème a été l’interdiction de vol des Boeing Max 8 », cloués au sol depuis la mi-mars. Et le problème demeure, l’inconnu persistant quant à la reprise des vols. « Nous continuons toujours à payer le loyer sur ces appareils », indique-t-il. Quant à un éventuel dédommagement de la part de Boeing, ils sont nombreux, les transporteurs, à subir les contrecoups de ces 350 Max 8 interdits de vol à l’échelle mondiale. « Une longue et coûteuse bataille juridique risque de s’engager », résume Colin Hunter.
On se concentre sur nos affaires. On ne reluque pas l’Europe et nous sommes très engagés dans le développement de notre portefeuille hôtelier.
Sunwing, qui en compte quatre dans sa flotte, n’a pas attendu la décision des autorités pour bouger et dénicher rapidement des capacités de remplacement. Le voyagiste a pu combler le manque auprès de fournisseurs américains. Or, préférant jeter un regard positif, « il en a résulté une baisse du nombre de sièges offerts, une restriction de capacité qui s’est traduite par une augmentation des prix ».
Autre enjeu. En avril dernier, les États-Unis ont indiqué leur intention, à partir du 2 mai, de laisser pour la première fois s’appliquer un article de la loi Helms-Burton de 1996 permettant aux Américains de poursuivre en justice des sociétés étrangères liées à des propriétés cubaines confisquées après la révolution de 1959. Le gouvernement canadien a rappelé qu’il s’était déjà doté de règles neutralisant la loi américaine tout en promettant d’offrir une résistance à ces nouvelles sanctions de Washington contre Cuba. Sunwing est très présent sur le marché touristique cubain et y gère une quinzaine de propriétés représentant un peu moins de 10 000 chambres. « On ne peut que déplorer ces sanctions, qui vont, à notre avis, être plus coûteuses pour le Trésor et les entreprises américaines que canadiennes. » Il est encore trop tôt pour que Sunwing en ressente un impact. « Nous verrons. »
Du même souffle, le fondateur de Sunwing revient à la nouvelle réglementation projetée par le ministre fédéral des Transports, qui prend notamment la forme d’une charte du voyageur et d’une réduction des heures de travail des pilotes. « On ne peut qu’être pour une plus grande protection du public. Ces changements réglementaires proposés sont cependant à sens unique. Ils ne seront pas sans coûts pour les transporteurs. » Ils peuvent intensifier une situation de manque de personnel, impliquer une révision des dessertes, de la durée des liaisons, et amener à regrouper des services, énumère Colin Hunter. Mais là encore, « nous verrons ».
Un autre joueur se manifeste pour Transat
La liste des joueurs québécois ayant l’oeil sur Transat A.T. s’allonge, alors qu’un groupe dirigé par l’homme d’affaires Dominik Pigeon confirme à son tour son implication dans le processus afin d’acquérir le voyagiste, a appris La Presse canadienne.Ce dernier est à la tête de FNC Capital, une société de services financiers qui se spécialise dans les rachats d’entreprises par leur direction et qui se targue d’avoir contribué au maintien de sièges sociaux au Québec. « J’ai un grand intérêt pour la société, ils le savent, a dit M. Pigeon, vendredi, au cours d’un entretien téléphonique. Notre but n’est pas seulement de l’acquérir, mais de la faire fructifier, donc d’épauler l’équipe de direction en place. »
Le groupe est appuyé par le cabinet BCF Avocats d’affaires, qui n’avait pas répondu, vendredi après-midi, aux questions transmises par La Presse canadienne. M. Pigeon, qui a oeuvré au sein d’établissements comme le Mouvement Desjardins, Exportation et développement Canada, ainsi que BNP Paribas, n’a pas voulu dévoiler l’identité de ses partenaires, confirmant toutefois qu’il n’était « pas seul ».
Sur son site Web, FNC Capital dit collecter des fonds « pour prêter et investir avec l’équipe de direction afin d’acheter le contrôle de leur entreprise » dans le cadre de transactions dont le prix oscille généralement entre 5 millions et 200 millions.
Outre M. Pigeon, le président du promoteur immobilier Groupe Mach, Vincent Chiara, a confirmé avoir déposé une offre pour la société mère d’Air Transat, alors que le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, qui dit agir à titre personnel pour le moment, a confirmé avoir demandé une analyse financière du dossier. La Presse canadienne