Le taux de chômage atteint un plancher historique au Québec

Un emploi en forte hausse et un taux de chômage qui continue de baisser : le portrait du marché du travail québécois dévoilé vendredi est reluisant, mais il reflète aussi les changements démographiques qui contribuent à ralentir la croissance de la population active.
L’économie du Québec a créé 38 000 emplois au cours du mois d’avril, le gain le plus fort des 17 dernières années, qui a fait reculer le taux de chômage de 5,2 % à 4,9 %, selon Statistique Canada. Ce taux est le plus faible depuis 1976, quand l’agence fédérale a commencé la série chronologique avec une méthodologie plus fine.
Alors que le taux de chômage à Montréal est passé de 5,6 % à 5,1 %, il est descendu de 3,6 % à 3,3 % à Québec.
La forte performance du marché du travail québécois a contribué à donner de l’impulsion aux données pancanadiennes, qui montrent 107 000 nouveaux emplois et un taux de chômage en recul de 5,8 % à 5,7 %.
Cependant, le recul constant du taux de chômage au Québec signale une fois de plus que le « bassin de travailleurs disponibles ne cesse de rétrécir », a prévenu Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins.
« Au Québec, la population des 15-64 ans n’augmente presque plus, alors que l’Ontario continue à avoir une bonne croissance, avec une structure d’âge différente et une immigration beaucoup plus importante », a-t-elle dit en entrevue.
Le marché de l’emploi est vigoureux depuis quelques années, a dit Mme Bégin, mais la baisse du taux de chômage est « en partie attribuable à la démographie ». Il y a là un risque pour l’économie du Québec, croit-elle. « C’est bien beau d’avoir un taux de chômage faible, mais à partir du moment où les entreprises ont de la difficulté à prendre de l’expansion, et parfois refusent des contrats, pour la croissance économique, ça peut être un frein. »
De son côté, l’Ontario a ajouté 47 100 emplois, mais l’augmentation continue du nombre de personnes dans le bassin de main-d’oeuvre a fait passer le taux de chômage de 5,9 % à 6 %.
« Wow », a écrit la Banque TD. « Les données de vendredi sont solides. Chacun des indicateurs de qualité, ou presque, s’est montré fort : le plus gros gain de l’histoire au chapitre de l’emploi s’est fait notamment dans l’emploi à temps plein, tous salariés, davantage de Canadiens sont entrés sur le marché du travail et la rémunération était en hausse. » Bref, les « employeurs canadiens » ont encore confiance en l’économie, a-t-elle ajouté.
Pas de baisse de taux en vue
La création de 107 000 nouveaux postes dans l’économie canadienne est dix fois plus forte que ce que prévoyaient les économistes en moyenne. Selon la Banque Nationale, la forte performance devrait inciter les marchés à réduire leurs attentes quant à l’hypothèse d’une nouvelle baisse du taux directeur de la Banque du Canada cette année.
À Ottawa, où plane le spectre d’une élection automnale, les libéraux se sont rapidement attribué le mérite de l’expansion du marché du travail depuis leur élection. « Depuis la formation de notre gouvernement en novembre 2015, les Canadiens ont créé un million de nouveaux emplois, dont une majorité de postes à temps plein », a dit le premier ministre Justin Trudeau lors d’un point de presse. « Sur la même période, à peine un peu plus de 600 000 emplois ont vu le jour sous le règne du gouvernement Harper. La différence est énorme, mais notre approche est complètement différente. »
Selon Statistique Canada, l’emploi au Québec a progressé de 75 000, ou de 1,8 %, depuis 12 mois. Cependant, « la totalité de la hausse s’est produite depuis octobre dernier ». Seulement depuis le début de 2019, les emplois créés se chiffrent à 48 400, en hausse de plus de 1 % par rapport à l’an dernier.
Avec Marie Vastel