Hydro-Québec s’efforce d'écouler ses surplus

«On est verts, on n’est pas chers, et on est capables d’attirer des joueurs pour qu’ils s’établissent ici», dit David Murray.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir «On est verts, on n’est pas chers, et on est capables d’attirer des joueurs pour qu’ils s’établissent ici», dit David Murray.

La mise en service de la centrale de la Romaine-4 en 2021 marque pour l’instant la fin du cycle des grands projets, mais Hydro-Québec multiplie les efforts d’ici là pour tirer le maximum des occasions offertes par la transition énergétique qui s’opère depuis quelques années.

La société d’État, qui lance dimanche les célébrations de son 75e anniversaire, a entamé ses réflexions sur l’après-Romaine, mais doit d’abord se concentrer à écouler ses surplus dans un contexte où l’énergie renouvelable est un élément de la lutte contre les changements climatiques, a indiqué en entrevue vendredi le chef de l’exploitation et président d’Hydro-Québec Production, David Murray.

À ce jour, par exemple, une cinquantaine de centres de données ont décidé de venir au Québec, a dit M. Murray. « On a des occasions incroyables. On est verts, on n’est pas chers, et on est capables d’attirer des joueurs pour qu’ils s’établissent ici », a dit M. Murray.

Le plan énergétique présenté par Québec en 2016 stipule qu’avant de considérer de nouveaux approvisionnements, il fallait que les surplus d’Hydro-Québec se situent autour de 2,5 %.

La transition énergétique avec laquelle compose Hydro-Québec est soumise à plusieurs variables, dont les avancées dans la technologie du stockage et des batteries, les progrès de la domotique et l’appétit de certains États américains pour de l’énergie propre.

La voie des exportations

 

À ce chapitre, a dit M. Murray, Hydro-Québec voit d’un bon oeil la progression du projet New England Clean Energy Connect (NECEC), qui permettrait d’alimenter le Maine et le Massachusetts. Le dernier coup de pouce est venu cette semaine : les commissaires de la commission des services publics du Maine ont donné leur bénédiction. Si toutes les autorisations nécessaires étaient réunies, la société d’État acheminerait 9,45 térawattheures de courant par année pendant 20 ans, les revenus estimés se situant autour de 10 milliards. Hydro-Québec a aussi déposé, à la fin de l’été 2018, une offre pour vendre au Connecticut 3 TWh par année pendant dix ans.

Le p.-d.g. Éric Martel a affirmé l’an dernier que la question des coûts sera centrale au processus de décision concernant un éventuel nouveau projet. « Aujourd’hui, on construit la Romaine à 0,06 $ du kilowattheure. Alors, c’est un très, très bon prix », avait-il dit le 19 avril 2018 à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles. « Mais le prochain ouvrage, s’il est plus au nord, dépendamment d’où il est, de quel type de sol on travaille, les prix pourraient être beaucoup plus grands. Alors, à ce moment-là, on aura une décision à prendre : est-ce qu’on fait de l’éolien ? Est-ce qu’on fait… Et ça dépend du type de produit dont on a besoin aussi. »

La décision consistant à déterminer un grand projet pour faire suite à celui de la Romaine sera prise en 2020 ou en 2021, a dit M. Murray. « On regarde toutes nos options, on regarde le potentiel des prochains projets. En même temps, je pense qu’il faut évaluer les autres sources. » Il mentionne notamment l’énergie solaire, car Hydro-Québec a l’intention de faire construire un parc expérimental sur deux terrains de la Rive-Sud de Montréal afin de tester la technologie, histoire d’analyser son intégration au réseau et de mesurer l’effet du climat québécois sur les panneaux.

Hydro-Québec transmettra au gouvernement son plan stratégique 2020-2024 vers la fin de l’année. Le plan stratégique 2016-2020, qui visait à jeter les bases pour doubler les revenus d’ici 2030, prévoyait quelques grands axes, dont des hausses tarifaires inférieures à l’inflation et une amélioration du service à la clientèle. La société d’État a voulu « corriger des choses » au chapitre du service, notamment sur les délais d’appel. « On est passé de 204 secondes à moins de 90 secondes. On a aussi développé les médias sociaux. » De manière générale, la mise en oeuvre du plan au cours des dernières années a marqué un « virage culturel », a dit M. Murray.



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