Le Fonds FTQ a investi 330 millions dans la défense des fleurons québécois

«À la cadence où vont les choses, j’ai bon espoir que notre cible d’investissement sera atteinte», a déclaré au «Devoir» vendredi le président et chef de la direction du Fonds FTQ, Gaétan Morin, en marge d’une conférence devant près de 400 membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Photo: Thierry du Bois Cosmos «À la cadence où vont les choses, j’ai bon espoir que notre cible d’investissement sera atteinte», a déclaré au «Devoir» vendredi le président et chef de la direction du Fonds FTQ, Gaétan Morin, en marge d’une conférence devant près de 400 membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Le Fonds de solidarité FTQ a déjà investi les deux tiers des 500 millions qu’il avait prévus pour aider à défendre les sièges sociaux des fleurons québécois et ne doute pas que le reste sera bientôt dépensé, surtout si le ralentissement économique attendu se matérialise.

Le fonds de travailleurs s’était engagé en 2016 à consacrer 500 millions en cinq ans à l’achat de blocs d’actions d’entreprises québécoises inscrites en Bourse qu’on estime vulnérables à des offres d’achat hostiles de l’extérieur afin d’y constituer, seul ou avec d’autres, des minorités de blocage. De ce montant, 329 millions ont déjà été investis dans une quinzaine de compagnies dont on préfère taire le nom pour ne pas leur accoler une image d’entreprises menacées, a-t-on expliqué vendredi au Devoir.

On a toutefois indiqué que ces entreprises sont du genre de celles qui apparaissaient sur la liste des grandes entreprises québécoises les plus à risque dressée par l’Institut pour la gouvernance des organisations privées et publiques (IGOPP) en 2016 et où apparaissaient 16 noms, dont ceux de SNC-Lavalin, CAE, Metro, Dollarama et WSP Global.

« À la cadence où vont les choses, j’ai bon espoir que notre cible d’investissement sera atteinte », a déclaré au Devoir vendredi le président et chef de la direction du Fonds FTQ, Gaétan Morin, en marge d’une conférence devant près de 400 membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. « En fait, s’il y a un ralentissement économique ou une correction boursière, on sera bien contents d’avoir encore 170 millions à déployer parce que c’est quand tout s’affaisse qu’il faut acheter [mais aussi] que nos entreprises risquent d’être les plus vulnérables. »

SNC-Lavalin trop gros

 

Pour être un « fleuron québécois », il ne suffit pas d’être une grande entreprise connue par tous, selon lui. « Pour moi, un fleuron, c’est une entreprise qui a un effet direct et indirect important sur l’économie du Québec. » Cette importance se mesure en termes d’emplois, bien sûr, mais aussi d’expertise dans des secteurs stratégiques et de capacité d’innovation dans des domaines d’avenir.

Il cite l’exemple de la firme d’ingénierie SNC-Lavalin, avec les difficultés qu’elle traverse actuellement et leur impact sur la valeur de l’action et le risque grandissant d’offre d’achat hostile. Il précise tout de suite cependant qu’avec une capitalisation boursière dépassant les 6 milliards, la multinationale québécoise se révèle beaucoup trop grosse pour que le Fonds FTQ puisse espérer avoir une influence en y investissant même quelques dizaines de millions.

« On est conscients qu’avec 500 millions, on n’a pas les moyens de régler les problèmes de tous les sièges sociaux du Québec », dit Gaétan Morin, qui n’exclut pas la possibilité que cette enveloppe puisse un jour être augmentée. « Pour SNC-Lavalin, la Caisse de dépôt s’est heureusement bien positionnée. C’est un travail d’équipe. »

Transition verte

 

Pourvu d’un actif net de 14,8 milliards au 30 novembre, le Fonds FTQ s’est félicité vendredi d’être en voie de dépasser son objectif de 2016 d’investir 3 milliards en quatre ans dans des entreprises du Québec. Ce succès découle notamment d’investissements (760 millions) trois fois plus importants que prévu dans les pôles d’excellence de l’aérospatiale, de l’agroalimentaire, des produits forestiers et des sciences de la vie.

Fort de ce résultat, le Fonds a annoncé du même souffle qu’il investira 1 milliard par an au cours des trois prochaines années.

Le Fonds de solidarité FTQ s’est donné cet automne un plan de transition énergétique juste excluant notamment tout investissement dans l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au Québec et visant une réduction d’au moins 25 % de l’empreinte carbone de ses investissements boursiers d’ici 2025. Une cible de réduction devait également être fixée pour ses placements dans des entreprises qui ne sont pas inscrites en Bourse et qui constituent une part encore plus importante de son portefeuille.

Cette cible « sera annoncée dans les prochains mois », a assuré Gaétan Morin. On planche encore pour le moment sur la mise au point d’une méthode fiable de calcul des émissions de gaz à effet de serre des PME québécoises qui tienne compte de leurs particularités, comme le fait que l’énergie provient beaucoup de l’hydroélectricité au Québec. Ce n’est qu’une fois armé de cet outil de mesure qu’on pourra fixer des cibles et aider les entreprises à les atteindre.

« Tant qu’à faire les choses, on va les faire comme du monde, dit le patron du Fonds FTQ. S’ouvre devant nous un monde incroyable dans lequel on pourra à la fois faire progresser nos technologies, réduire nos émissions de gaz à effet de serre et faire de l’argent avec cela. »

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