La BCE renforce son soutien à une zone euro moins vaillante

La Banque centrale européenne a renforcé jeudi son soutien à l’économie en zone euro, prenant par surprise les observateurs et brossant un tableau nettement assombri des perspectives de croissance et d’inflation.
« Quand vous êtes dans le noir, vous faites de petits pas. Vous ne courez pas, mais vous bougez », a commenté devant la presse le président de l’institution, Mario Draghi, justifiant ses décisions unanimes plus précoces que ce qui était prévu.
La BCE a commencé par reporter à 2020 le moment de relever ses taux d’intérêt, à leur plus bas historique depuis mars 2016, alors qu’elle se donnait jusqu’à présent « l’été 2019 » pour horizon. Par ailleurs, l’institut de Francfort a lancé une nouvelle vague de prêts géants et bon marché aux banques, entre septembre prochain et mars 2021, avec chaque fois une échéance de deux ans. La BCE entend ainsi « préserver des conditions de crédit favorables » et une « bonne transmission de la politique monétaire » à l’économie, c’est-à-dire la redistribution de ces liquidités sous forme de crédits aux entreprises et aux ménages. « Ces mesures ne sont pas, en tant que telles, une énorme surprise, mais le moment choisi l’est », observe Carsten Brzeski, économiste de la Banque ING, pour qui la BCE cherche à éviter « tout durcissement brutal » de son discours.
La zone euro n’est certes pas menacée dans son ensemble d’une récession, dont le risque demeure « faible » aux yeux des banquiers centraux, a martelé jeudi Mario Draghi. Mais, très dépendante du commerce, cette région économique subit depuis des mois des « risques » croissants, allant des tensions protectionnistes aux inquiétudes géopolitiques, en passant par les turbulences dans certains pays émergents. La BCE n’attend plus que 1,1 % de croissance en 2019 en zone euro et 1,6 % en 2020. L’institution monétaire a également dégradé ses prévisions d’inflation, renonçant implicitement à son pari de ramener d’ici 2021 la hausse des prix au niveau « légèrement inférieur à 2 % » fixé par son mandat. Ainsi, et malgré la bonne tenue de l’emploi et la progression des salaires, la BCE ne table plus que sur 1,2 % d’inflation cette année et 1,5 % l’an prochain.