Téo Taxi: Legault demeure prudent face aux demandes de Taillefer

Le premier ministre Legault a indiqué mercredi être disposé à «aider» un repreneur qui se montrerait intéressé par la division technologique de Téo Taxi, mais sans plus.
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Le premier ministre Legault a indiqué mercredi être disposé à «aider» un repreneur qui se montrerait intéressé par la division technologique de Téo Taxi, mais sans plus.

Alexandre Taillefer est sorti de son mutisme mercredi pour proposer au premier ministre François Legault cinq manières de « sauver les meubles », au lendemain de l’annonce de la fermeture de Téo Taxi. Le gouvernement s’est cependant abstenu d’y répondre directement.

Le premier ministre Legault a indiqué mercredi être disposé à « aider » un repreneur qui se montrerait intéressé par la division technologique de Téo Taxi, mais sans plus.

« On veut réorienter Investissement Québec pour créer des emplois de plus de 50 000 $ par année. Si on parle des chauffeurs de taxi à 15 $ l’heure, ce ne sont pas des emplois de 50 000 $ par année », a-t-il affirmé en marge du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec, à Gatineau.

« Ça prendrait un repreneur qui, comme on dit dans le jargon, se met au bat, investit de son propre argent parce qu’il y croit, et là on pourrait l’accompagner. »

Pour ce qui est des millions de dollars engloutis dans Téo Taxi sous forme d’investissements ou de subventions, M. Legault compte faire un bilan, mais sans lancer d’« enquête » ou de « chasse aux sorcières ».

Cinq recommandations

 

Alexandre Taillefer a brisé le silence mercredi en publiant dans La Presse+ une lettre ouverte adressée au premier ministre Legault. Il y formule cinq recommandations afin de « sauver l’esprit de Téo ».

M. Taillefer demande notamment au gouvernement de soutenir le développement de la division technologique de Téo en laissant le temps à Investissement Québec de trouver un partenaire stratégique.

Des clients craignent de perdre leur argent

Les clients de Téo Taxi qui ont profité d’un rabais du temps des Fêtes pour mettre la main sur une carte-cadeau ne savent pas ce qu’il adviendra de leurs crédits restants. Marie-Helene Boudrias fait partie de ceux qui ont acheté une carte-cadeau en décembre et qui ont vu leur solde s’effacer avec la fermeture de Téo Taxi. Elle soupçonne l’entreprise d’avoir offert un rabais pour faire le plein de liquidités même si elle savait que la fin approchait. Les dirigeants de Taxelco répondent qu’ils souhaiteraient permettre aux clients de dépenser l’argent des cartes-cadeaux chez Taxi Diamond, mais que rien n’est arrêté pour l’instant. « Jamais nous n’avons eu l’intention de flouer nos clients alors qu’ils sont au coeur de notre stratégie de développement, ont-ils fait valoir mercredi dans une déclaration écrite. Malgré les difficultés rencontrées, notre intention a toujours été de maintenir les activités. La décision de cesser les activités n’a été prise que très récemment. »

Il propose également de permettre une flexibilité tarifaire selon l’offre et la demande dans l’industrie du taxi, de modifier la réglementation sur l’empattement minimal des véhicules pour permettre aux voitures de Téo d’être utilisées dans l’industrie du taxi traditionnelle et d’ajouter les bornes de recharge de Téo Taxi au Circuit électrique, le réseau de bornes de recharge publiques d’Hydro-Québec.

La Société d’État se dit ouverte à cette idée, mais elle doit d’abord rencontrer les responsables de Téo Taxi avant de prendre une décision, a fait savoir le porte-parole d’Hydro-Québec Louis-Olivier Batty.

Les dirigeants des Taxis du Grand Montréal (TGM) et du Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec (RITQ) ont réagi à la lettre du fondateur de Téo Taxi en soulignant que « le cadre réglementaire du taxi est vieillot » et qu’il « mérite d’être modernisé et uniformisé pour tous les transporteurs, sans exception ».

Taillefer porte le blâme

 

En entrevue sur les ondes de plusieurs stations de radio mercredi matin, Alexandre Taillefer a accepté de porter le blâme pour les déboires de Téo Taxi, en reconnaissant qu’il a agi à titre d’investisseur, mais pas assez à titre d’entrepreneur. Il a indiqué avoir investi 6 millions de dollars de ses poches dans l’aventure, et essuyé des pertes d’au moins 1,5 million.

Il s’est également excusé auprès des 455 chauffeurs qui ont perdu leur emploi. Certains d’entre eux pourraient se trouver du travail au sein de Keolis Canada, qui a invité mercredi les chauffeurs licenciés à poser leur candidature pour pourvoir une cinquantaine de postes en transport urbain, interurbain, scolaire et aéroportuaire.

L’ex-« Dragon » a par ailleurs dit qu’il regrette d’avoir accepté le poste de président de la dernière campagne électorale du Parti libéral du Québec et qu’il n’a plus l’intention de succéder à Philippe Couillard comme chef de la formation politique.

Avec Marco Bélair-Cirino



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