Les employeurs québécois veulent plus de travailleurs étrangers temporaires

Les entreprises québécoises comptent sur l’augmentation du nombre de travailleurs étrangers temporaires pour les aider à faire face à la rareté de main-d’oeuvre et compenser la réduction du nombre d’immigrants ordinaires par le gouvernement Legault.
« On a besoin d’un plan d’urgence », a déclaré la vice-présidente et porte-parole pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Martine Hébert, à propos de la rareté de main-d’oeuvre lors d’une conférence devant la section montréalaise de l’Association des économistes québécois, vendredi. Prenant acte de la volonté du nouveau gouvernement de François Legault de réduire le nombre d’immigrants reçus le temps d’améliorer ses règles de sélection et ses mécanismes d’intégration, la FCEI voudrait qu’entre-temps Québec accueille sans plus attendre plus de travailleurs étrangers temporaires (TET).
Les associations patronales canadiennes font déjà pression sur Ottawa pour qu’il assouplisse les règles qui avaient été resserrées en la matière par le gouvernement conservateur de Stephen Harper après que des compagnies ont abusé du système, a expliqué Martine Hébert. Québec dispose cependant déjà d’une certaine souplesse qui lui permettrait de lancer toutes sortes de « projets pilotes » dans plusieurs régions et secteurs industriels. En plus de compenser au moins une partie du manque de travailleurs, une telle approche aurait l’avantage de faire venir rapidement des travailleurs étrangers qui correspondent mieux aux véritables besoins des entreprises que les immigrants actuels, souvent trop qualifiés.
La FCEI n’est pas la seule à faire cette demande. À la suite de l’annonce par Québec lundi de la réduction du nombre d’immigrants de plus de 50 000 à 40 000 l’an prochain, le Conseil du patronat du Québec en a appelé à une hausse « substantielle » du nombre de TET et a dit souhaiter que ces derniers soient aidés ensuite à devenir résidents permanents. Ces travailleurs seraient utiles aussi bien dans les secteurs habituels, comme l’agroalimentaire et l’hôtellerie, que dans ceux de la fabrication et de l’intelligence artificielle, avait alors assuré au Devoir le p.-d.g. de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Stéphane Forget.
Le gouvernement de la CAQ et son ministre de l’Immigration se sont d’ailleurs montrés ouverts à l’idée, Simon Jolin-Barette disant mercredi vouloir « miser sur l’apport des travailleurs étrangers temporaires afin de répondre rapidement aux besoins du marché du travail ». Ce dernier a alors estimé à 40 000 le nombre de travailleurs temporaires au Québec.
Plus nombreux et parfois abusés
Le Devoir rapportait vendredi que les gouvernements manquent de statistiques récentes, mais que plusieurs organismes d’aide sur le terrain observent déjà une augmentation du nombre de travailleurs temporaires depuis au moins dix-huit mois. Mais surtout, ces organismes déploraient aussi le manque de services et les nombreux abus dont sont victimes ces travailleurs.
« Ces cas sont extrêmement déplorables et condamnables, mais je ne crois pas que cela reflète la réalité de la majorité des gens, a commenté au Devoir vendredi Martine Hébert. Moi, ce que j’ai vu au contraire, ce sont des travailleurs qui sont très appréciés et même bichonnés par les employeurs parce qu’ils en ont terriblement besoin et qu’ils veulent les garder. »
En réaction à des histoires d’abus, la FCEI a déjà dit, dans le passé, que les employeurs pris en faute devraient se voir retirer le droit d’engager des travailleurs temporaires pour au moins quelques années, a-t-elle poursuivi. La FCEI a aussi proposé que l’on charge les organismes communautaires en employabilité largement présents sur le terrain de défendre les droits de ces travailleurs et d’aider à leur intégration.