Les producteurs de cannabis se disent prêts pour l’ouverture du marché

Après avoir investi des centaines de millions pour augmenter leur capacité à l’approche du grand jour, les grands producteurs se disent prêts, mais concèdent du même souffle que personne ne sait vraiment comment se dérouleront les prochaines semaines.
Chez Hexo (ex-Hydropothicaire), principal fournisseur de la Société québécoise du cannabis (SQDC), les camions continuaient mardi de quitter les installations gatinoises avec des produits destinés aux rayons des nouvelles succursales.
« Ça fait tellement longtemps qu’on se prépare pour demain, on est dans les derniers préparatifs. On s’assure que nos opérations tournent vraiment rond pour que notre client reçoive le maximum de produits pour l’ouverture », a indiqué en entrevue la vice-présidente aux ventes d’Hexo, Sonia Isabel, qui a passé des années à la SAQ, où elle a notamment dirigé les opérations stratégiques de la division de l’exploitation des ventes.
« On fait des prévisions avec ce qu’on pense qui sera le niveau des ventes, mais ça ne veut pas dire que ça sera ça », a cependant ajouté Mme Isabel, qui se réunira avec la SQDC mercredi afin de dresser le premier état des lieux. La SQDC présume que 70 % des ventes auront lieu en magasin, le reste provenant du commerce en ligne.
La direction d’Hexo a convenu avec la SQDC qu’il n’y aurait pas de visites de succursales mercredi, afin de laisser le personnel traverser la journée le plus sereinement possible. L’entreprise a déjà eu une présentation des magasins de même que de la formation offerte aux employés. « Ça va déjà être assez énervant pour ces employés-là demain, on ne veut pas ajouter à ça. »
Hexo s’est engagée à livrer jusqu’à 20 000 kilos de cannabis au cours de la première année. Près de 4000 kilos auraient déjà été livrés, selon Mme Isabel. La SQDC « navigue dans l’inconnu », a-t-elle dit. Il risque d’y avoir « un manque sur des produits qui pourraient être marqués par une demande plus grande que d’autres », une situation attribuable au fait qu’il est impossible pour le moment de prévoir avec certitude le niveau des ventes et que la production du cannabis découle d’un processus relativement long et complexe.
Rythme effréné
Pour Adam Greenblatt, directeur de marque de Canopy Growth au Québec, les dernières semaines pourraient être comparées « à la construction d’un avion dans les airs ». « On est aussi prêts qu’on peut l’être », a-t-il dit. Les livraisons ont commencé il y a quelques semaines. Pour mettre la dernière touche, l’entreprise a dû multiplier les essais, « notamment sur les emballages, l’étiquetage, etc. ». Pour clore le chapitre des derniers mois et tourner la page, Canopy Growth compte organiser des célébrations dans ses différents sites de production pour remercier les employés de « tout ce qu’ils ont dû faire pour en arriver là », a dit M. Greenblatt.
Après avoir visité une succursale mardi, M. Greenblatt affirme qu’elle était « super belle » et « très professionnelle ». « C’est assez neutre dans ce qui est dit, mais toute l’information est là, sans être promotionnelle. Je pense qu’ils ont très bien réussi. »
Il faudra prendre son mal en patience avant de connaître les renseignements sur l’achalandage, prévient l’analyste Chris Damas, éditeur du BCMI Cannabis Report. « Il n’y a pas tant de magasins que ça qui seront ouverts [au Canada]. C’est vraiment difficile d’entrevoir le moment où on va obtenir des données au sujet des ventes. Je ne pense pas qu’on saura grand-chose d’ici l’Halloween. Deux semaines à essayer de deviner. »
Au Québec, 12 succursales de la SQDC ouvriront leurs portes mercredi, en plus d’un site Internet transactionnel. En Ontario, les consommateurs ne pourront acheter qu’en ligne pour l’instant, tandis que l’Alberta comptera 17 succursales. Le Nouveau-Brunswick en comptera 20. La Saskatchewan a décerné 51 permis de vente, mais la majeure partie de ces magasins ne seront pas prêts mercredi. En Colombie-Britannique, il n’y aura pour l’instant qu’un site Internet et une succursale exploitée par l’État. Le processus de l’octroi de licences n’est pas terminé.