Discussions au point mort chez ABI

Les pourparlers visant à dénouer l’impasse à l’Aluminerie de Bécancour sont au point mort, les parties ayant constaté de trop nombreux obstacles empêchant un retour formel à la table de négociation.
Les positions du Syndicat des Métallos et de la direction de l’Aluminerie de Bécancour (ABI) sont « très éloignées », a signalé vendredi le médiateur spécial nommé par le ministère du Travail, Lucien Bouchard.
Le lockout à l’aluminerie, détenue à 75 % par le géant américain Alcoa et à 25 % par Rio Tinto, a débuté le 11 janvier et touche 1030 employés syndiqués dont les conventions sont échues depuis novembre 2017. L’établissement est le plus grand employeur privé de la région.
« Plusieurs séances se sont depuis tenues à Montréal, dans le cadre d’un comité restreint formé de représentants spécifiquement mandatés par les deux parties », a indiqué Me Bouchard dans un bref communiqué. « Au terme de ces discussions, le médiateur spécial, le conciliateur et les parties constatent que le contexte ne se prête pas à un retour à la table de négociation, compte tenu des positions très éloignées de l’employeur et du syndicat. »
Selon Lucien Bouchard, la rencontre organisée au siège social d’Alcoa, à Pittsburgh au mois de septembre, a été suivie d’un effort visant à trouver un terrain d’entente pour retourner à la table de négociation, « avec une chance raisonnable de régler leur conflit ».
Le conflit s’articule notamment autour du « respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’oeuvre » et le régime de retraite, affirme le Syndicat des Métallos.
Rencontre avec les membres
Peu après le communiqué du médiateur spécial, les Métallos ont diffusé le leur pour confirmer que le processus est suspendu. Le syndicat compte rencontrer ses membres mardi et fera le point par la suite.
« C’est 1030 familles qui sont à la rue depuis le déclenchement du lockout par ABI le 11 janvier dernier », a écrit le Syndicat. « Rappelons que le lockout déclenché par Alcoa et Rio Tinto a privé à ce jour l’État québécois de 161 millions en revenus d’électricité. »
C’est 1030 familles qui sont à la rue depuis le déclenchement du lockout par ABI
L’aluminerie jouit d’un tarif d’électricité spécial, comme c’est le cas pour ses autres établissements du même type à Baie-Comeau et Deschambault, l’aluminerie Alouette de Sept-Îles et celles de Rio Tinto Alcan au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Les grands producteurs d’aluminium ont quand même tenté de réduire leurs coûts au cours des dernières années, façon de viser un niveau de rentabilité maximale face à un prix de l’aluminium qui peut varier grandement sur les marchés mondiaux. À ce chapitre, la direction de l’Aluminerie de Bécancour a affirmé dans un communiqué en février que « ABI doit augmenter sa productivité afin d’être plus compétitive et réussir à long terme ».
Direction déçue
La direction de l’aluminerie a exprimé sa déception à l’égard de la suspension de la médiation. « La direction d’ABI demeure ouverte à résoudre les enjeux du présent conflit de travail, et ce, par une entente qui améliorerait la profitabilité et la production de l’usine, afin d’assurer une viabilité à long terme et le maintien des emplois de grande qualité », a-t-elle indiqué.
Selon la partie patronale, les propositions faites aux employés sont « concurrentielles » avec ce qui se fait ailleurs dans l’industrie québécoise de l’aluminium.
Peu avant le lockout en janvier, les syndiqués ont rejeté une offre patronale à plus de 80 %. En entrevue à La Presse canadienne, le président de la section locale, Clément Masse, croyait que ce résultat allait ramener l’employeur à la table de négociation. Celui-ci a ensuite déclenché le lockout.
Depuis, l’aluminerie fonctionne à capacité réduite avec du personnel-cadre.
Un conflit a aussi frappé l’aluminerie en 2004, quand les syndiqués ont déclenché une grève après le rejet d’offres patronales jugées insuffisantes.