L’accès à la propriété touche un creux de 28 ans au Canada

Votre ménage consacre facilement plus de la moitié des revenus à rembourser l’hypothèque, à acquitter les taxes et à payer les factures d’énergie ? Vous n’êtes pas seuls. Les coûts liés à l’achat d’une propriété immobilière ont atteint leur plus haut niveau depuis 1990, indique la Banque Royale, selon qui la situation va se détériorer davantage en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Selon la mesure de l’accessibilité au deuxième trimestre, le coût d’une nouvelle propriété — versements hypothécaires, taxes et services publics — représente 53,9 % du revenu moyen des ménages au pays, alors qu’il était de 43,2 % en 2015.
La situation au Québec est moins préoccupante : le coût de la propriété représente 44,1 % du revenu d’un ménage, ayant grimpé graduellement depuis quatre ans pour revenir au niveau de 2010.
« Au stade actuel du cycle, la force de l’économie montréalaise crée assurément un contexte favorable au marché, a indiqué RBC dans son analyse pancanadienne. Des problèmes d’accessibilité pourraient toutefois se dessiner à l’horizon. Les coûts de propriété ont monté régulièrement au cours des trois dernières années. »
« Si l’écart continue de se creuser par rapport à la moyenne à long terme de 38,6 % [calculée depuis 1985], le contexte pourrait devenir défavorable pour de plus en plus d’acheteurs », a ajouté la Banque. Cela dit, l’état des lieux à Montréal n’a rien à voir avec Vancouver, Victoria et Toronto, a-t-elle ajouté.
À Québec, le marché est relativement stable et l’indice est de 33,1 % après avoir affiché une hausse trimestrielle pour la troisième fois seulement en deux ans.
La Banque Royale précise dans sa méthodologie que la mesure d’accessibilité repose sur l’hypothèse d’un prêt de 25 ans, à taux fixe, pris pour cinq ans avec une mise de fonds de 25 %.
Le marché de l’immobilier a commencé il y a quelques années à digérer de multiples efforts du gouvernement fédéral visant à éviter une surchauffe, particulièrement à Vancouver et à Toronto. De plus, la Banque du Canada a commencé l’an dernier à augmenter son taux directeur, cela ayant un impact direct sur les prêts à taux variable. Les conditions des prêts hypothécaires à taux fixe s’arriment plutôt au marché obligataire à cinq ans.
L’effet de la banque centrale
La Banque du Canada, qui a annoncé quatre hausses depuis le milieu de 2017, a décidé de maintenir à 1,5 % son taux directeur lors de sa réunion du 5 septembre. Plusieurs s’attendent toutefois à ce qu’il donne un nouveau coup de manivelle au mois d’octobre. Son gouverneur, Stephen Poloz, a rappelé jeudi lors d’un discours que l’économie canadienne tourne presque à plein rendement.
La banque centrale surveille de près l’inflation et voudra agir avant que l’augmentation des prix ne soit trop forte à son goût. Selon Statistique Canada, l’indice des prix à la consommation a crû de 2,8 % au mois d’août par rapport à l’an dernier, soit bien au-delà de la cible de 2 % préférée par la Banque du Canada. En excluant l’essence, l’inflation était de 2,2 %.
Sur la hausse de 100 points de base du taux directeur observée depuis juillet 2017, seulement 32 points ont été ressentis sous forme de taux effectif moyen sur les prêts, a fait remarquer le Mouvement Desjardins jeudi. « La diffusion des hausses de taux d’intérêt directeurs aux taux sur les prêts à la consommation et à l’habitation devrait s’intensifier au cours des prochains mois, d’autant plus que d’autres augmentations des taux d’intérêt directeurs seront vraisemblablement décrétées d’ici 2020. »
Selon Desjardins, 65 % de tout le crédit auquel les ménages ont souscrit est constitué de prêts hypothécaires. Ses économistes croient que la Banque du Canada va annoncer une nouvelle hausse du taux directeur en octobre et trois autres d’ici 2020. Parmi les impacts possibles pourraient figurer une diminution du taux d’épargne ou une baisse des dépenses de consommation.