Quel impact aurait un conflit chez Postes Canada?

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes représente 50 000 facteurs urbains et ruraux.
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes représente 50 000 facteurs urbains et ruraux.

À moins d’une semaine d’un possible arrêt d’activités chez Postes Canada, le cabinet de la ministre du Travail « fait confiance au processus », mais des entreprises et des services publics ont commencé à prévoir des plans de contingence en cas de conflit.

De Passeport Canada à eBay en passant par Hydro-Québec, différents avis mettent la population en garde depuis quelques jours au sujet d’une interruption de courrier qui pourrait perturber l’envoi et la réception de documents et colis.

Selon le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), une contre-offre a été soumise à Postes Canada la semaine dernière, et il attend toujours une réponse. Pour compliquer les choses, les parties n’ont pas encore reçu la décision de l’arbitre, qui s’est penchée sur l’iniquité salariale entre les facteurs urbains et ruraux.

Les discussions de renouvellement de convention entre Postes Canada et le syndicat, qui représente ses 50 000 facteurs urbains et ruraux, ont commencé en 2017. Les parties se trouvent présentement dans une « période de réflexion » imposée par le Code canadien du travail. Le droit de faire la grève ou de décréter un lockout commence le 26 septembre, mais il faudra d’abord un préavis de 72 heures, lequel pourrait en principe être déposé avant cette date.

« Il n’est pas dit qu’il y aura une grève ou un lockout, mais nous devons nous préparer à cette éventualité », a écrit le STTP dans un mot à ses membres jeudi. « Notre objectif n’est pas et n’a jamais été de faire la grève. Nous voulons conclure des conventions collectives qui répondent à nos besoins et qui règlent les problèmes au travail », a-t-il ajouté.

Faire confiance au processus

 

Le cabinet de la ministre du Travail, Patty Hajdu, qui a accepté cet été une demande de conciliation, a indiqué au Devoir qu’il « surveill[ait] de près le conflit de travail ». « Notre gouvernement respecte le processus de négociation collective et y fait confiance. Les médiateurs du service fédéral de médiation et de conciliation collaborent avec les parties pour les aider à parvenir à un accord. » Les négociations de 2016, qui se sont soldées par des conventions acceptées sans enthousiasme débordant chez les membres du STTP (appui de 63 % chez les facteurs urbains et de 55 % en milieu rural), avaient elles aussi donné lieu à une menace d’arrêt de travail. Des PME s’étaient alors inquiétées de l’impossibilité potentielle de recevoir des paiements par la poste.

« C’est la deuxième fois qu’on se retrouve dans cette situation, alors on sait quoi faire. Nous allons communiquer avec nos vendeurs pour nous assurer qu’ils sont au courant et mettre en place des protections pour eux. En gros, ça veut dire qu’ils ne seront pas pénalisés pour des livraisons en retard à cause d’un arrêt de travail potentiel », a indiqué lors d’un entretien la directrice générale d’eBay Canada, Andrea Stairs. Selon elle, environ 90 % des volumes transactionnels au Canada passent entre les mains de Postes Canada d’une manière ou d’une autre.

Mme Stairs a dit que les vendeurs sont des « micro et petites entreprises » qui se démarquent par leur débrouillardise. « Ils dépendent de chaque vente et feront les ajustements pour continuer à vendre », a-t-elle dit. La recherche de solutions de remplacement — d’autres services de livraison par exemple — peut toutefois entraîner une hausse des coûts. eBay compte aussi se tourner vers les acheteurs pour « gérer leurs attentes et ajuster les échéances » si jamais Postes Canada cessait de fonctionner, a dit Mme Stairs.

« Si vous voyagez au cours des six prochaines semaines, rendez-vous à un bureau des passeports pour y présenter en personne votre demande de passeport ; vous pouvez aussi envoyer votre demande par un service de messagerie », indique Passeport Canada sur son site Internet.

De son côté, Hydro-Québec a envoyé un avis à ses clients les informant des façons de payer une facture autrement que par la poste. Le service des communications de la société d’État a toutefois précisé au Devoir que la poste est responsable d’environ 5 % des paiements qu’elle reçoit.

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