L’automatisation se passerait plutôt bien au Québec, croit l’OCDE

L’automatisation des emplois serait en cours au Québec et se passerait plutôt bien, suggèrent des données de l’OCDE.
Le Québec est l’une des deux provinces, avec la Colombie-Britannique, où le taux d’emploi a le plus augmenté au Canada de 2011 à 2016, note un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dévoilé lundi. Cette augmentation au Québec a principalement été le résultat d’une forte création d’emplois dans des secteurs peu propices à l’automatisation et à une croissance beaucoup plus faible, voire à une destruction d’emplois, dans des domaines où les travailleurs sont plus exposés au risque d’être remplacés par des robots ou des ordinateurs, révèlent des données obtenues par Le Devoir.
Bien que le lien de causalité soit difficile à prouver, on peut raisonnablement déduire d’une telle tendance que les emplois perdus ont été victimes de l’automatisation et que cela a amené un mouvement de travailleurs vers des emplois moins à risque, expliquent les auteurs de l’étude. Un tel phénomène, disent-ils, « apporte de l’eau au moulin à la vision optimiste d’automatisation porteuse de progrès, alors que les emplois perdus à cause de l’automatisation sont remplacés par des emplois (potentiellement) de meilleure qualité dans d’autres domaines ».
Consacré à la création d’emplois et au développement économique local, le rapport de l’OCDE estime que les emplois au Canada ne sont ni plus ni moins exposés au risque de l’automatisation que ceux dans les autres pays développés. On évalue ainsi que 13,5 % des travailleurs canadiens font face à un risque élevé d’être remplacés par des robots (contre une moyenne de 14 % dans l’OCDE) et que 28,6 % risquent fort de voir la nature de leurs emplois « significativement transformés » (contre une moyenne de 31,6 % dans l’OCDE). C’est plus que dans les pays d’Europe du Nord, comme la Finlande (7 % et 26 %) et la Norvège (6 % et 26 %), mais moins qu’en Espagne (22 % et 30 %) ou dans la République tchèque (34 % et 31 %).
Les écarts de niveau de risques devant l’automatisation sont parfois très élevés même entre les différentes régions d’un même pays, expliquent les experts de l’OCDE, qui citent notamment l’exemple de la France et de la République slovaque. Mais ce n’est pas le cas du Canada. Ce dernier se révèle même le pays développé où ces écarts sont les plus faibles entre ses provinces.
Il n’y a pas que le Québec où les emplois ont principalement augmenté dans des secteurs peu exposés à l’automatisation entre 2011 et 2016, constate le rapport de l’OCDE. Toutes les provinces canadiennes ont assisté au même phénomène, à l’exception de celles de l’Atlantique. La qualité générale des emplois au pays ne semble pas non plus en avoir souffert.
Des emplois en hausse au Québec
Le Devoir a obtenu auprès de l’OCDE plus de détails sur le cas du Québec. Parmi les secteurs relativement peu exposés au risque d’automatisation, la création d’emplois a particulièrement été forte chez les professionnels en science et en ingénierie, les professionnels de la santé, les professionnels en éducation ainsi que les professionnels en administration et dans le secteur des affaires. À l’autre bout du spectre, on a assisté à une faible croissance, voire à des reculs, dans des corps de métier considérés comme très exposés à l’avènement des robots, des technologies numériques et de l’intelligence artificielle, comme les travailleurs d’entrepôt et conducteurs de monte-charge, les ouvriers dans le métal ainsi que les travailleurs dans les secteurs du vêtement, du bois ou de la transformation alimentaire.
« Les régions où la proportion d’emplois susceptibles d’être automatisés est relativement faible se caractérisent par une main-d’oeuvre ayant un niveau de formation élevé, un secteur de services exportables dynamique et une forte urbanisation », expliquent les auteurs du rapport de l’OCDE. À l’inverse, poursuivent-ils, « les régions qui pâtissent déjà d’une faible croissance de la productivité et d’un chômage élevé risquent davantage d’être affectées par l’automatisation dans l’avenir, ce qui contribue à aggraver encore la situation de faiblesse relative dans laquelle elles sont enfermées ».