

Quels rôles pour les sociétés d’État dans le tissu économique du Québec?
Si la privatisation n’est plus envisagée, la mission des sociétés d’État, elle, est de nouveau remise en question.
Céder un distributeur hydroélectrique au privé ? L’Ontario y a réfléchi pendant des années, sous trois premiers ministres différents, puis est finalement passé à l’action avec Hydro One en 2015. Le gouvernement a ainsi ouvert 53 % de son capital, l’objectif étant d’amasser des fonds pour des projets d’infrastructure. Au final, la province a récolté 9,2 milliards, dont 6,8 milliards en argent comptant.
« Chaque dollar dépensé dans l’infrastructure publique augmente le PIB de 1,43 $ à court terme et jusqu’à 3,83 $ à long terme », a affirmé le gouvernement lors de la dernière émission d’actions en mai 2017. En ne touchant plus une partie du dividende, a toutefois signalé le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario l’hiver dernier, la province se privera ainsi de 383 millions cette année, un montant qui augmentera de 5,7 % par année jusqu’en 2024-2025.
L’élection de Doug Ford cet été a compliqué les choses, lui qui avait passé la campagne à critiquer les tarifs d’électricité et le salaire du chef de la direction. Celui-ci a quitté son poste cet été. L’ouverture du capital était-elle une bonne idée ? « Ça dépend », répond Warren Mabee, directeur de l’Institut des politiques énergétiques et environnementales de l’Université Queen’s. La privatisation d’une société d’État peut être une « très bonne décision » si elle s’arrime à la vision stratégique sur l’avenir du secteur, dit-il.
« Ce qui pour moi n’a aucun sens, c’est que la stratégie ontarienne au sujet de l’électricité ne cadre pas avec ça, dit M. Mabee. On nous envoie beaucoup de messages contradictoires de la part des partis politiques. Nous avons maintenant un gouvernement conservateur qui semble croire que la privatisation était correcte, mais que ce n’est pas correct que le p.-d.g. reçoive un gros salaire. Soit, elle est privée à seulement un peu plus de 50 %, mais dans une entreprise privée, le salaire du p.-d.g. n’est pas l’affaire du premier ministre. »
Une version précédente de ce texte, qui identifiait Hydro One comme un producteur d'hydroélectricité plutôt qu'un distributeur, a été corrigée.
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