L’UPA demande que les surplus restent dans la Financière agricole

Le président de l’UPA, Marcel Groleau
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le président de l’UPA, Marcel Groleau

Au moment où le système de gestion de l’offre est menacé par la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), les agriculteurs du Québec réclament un coussin supplémentaire pour les jours plus difficiles. L’Union des producteurs agricoles (UPA) demandera jeudi aux partis politiques de bonifier le budget annuel de la Financière agricole du Québec et de réinvestir tous ses surplus en agriculture, ce qui n’a pas été le cas au cours des dernières années.

Le syndicat agricole interpellera les formations politiques jeudi en exigeant que le prochain gouvernement assure le financement à long terme de l’organisation qui leur permet de faire face aux risques du secteur agricole. La Financière agricole du Québec (FADQ) est notamment responsable des programmes qui protègent les revenus des agriculteurs en cas d’imprévus.

En 2009, le gouvernement du Québec s’était engagé à verser 630 millions de dollars par année à la FADQ au cours des cinq années suivantes. Au cours des dernières années, la contribution de Québec a cependant diminué graduellement, passant de 607 millions en 2013-2014 à 438 millions en 2016-2017.

Organisation « sous-financée »

« Nous sommes revenus à ce qu’on avait auparavant. Une Financière [agricole] qui est sous-financée, ce qui amène ses administrateurs à faire des choix très différents », déplore le président de l’UPA, Marcel Groleau.

« La gestion à l’année, plutôt que sur une période plus longue, ce n’est pas favorable au développement de l’agriculture, parce qu’on est toujours sur le qui-vive », ajoute-t-il, évoquant le cas des producteurs de porcs qui réclament une aide spéciale de 50 millions de dollars pour compenser les impacts du conflit commercial entre les États-Unis, la Chine et le Mexique.

La FADQ a annoncé mercredi qu’elle versera prochainement une avance de près de 50 millions aux producteurs de porc, mais il ne s’agit pas de l’enveloppe spéciale réclamée, note l’UPA. « La Financière va devoir aller cogner à la porte du gouvernement » pour obtenir plus d’argent, dit M. Groleau.

Garder les surplus

 

En plus de demander le rétablissement de la contribution annuelle de 630 millions, l’UPA souhaite que les surplus dégagés par la FADQ soient réinvestis en agriculture plutôt que d’être retournés dans les coffres de l’État pour être utilisés à d’autres fins.

Entre 2011 et 2017, la FADQ a enregistré près d’un milliard de dollars de surplus en raison du contexte favorable sur les marchés.

« [En 2009], on savait qu’on allait avoir de bonnes années qui nous permettraient de faire des surplus, mais on se disait que lorsque les mauvaises années arriveraient, ces surplus seraient nécessaires », explique M. Groleau.

Le président de l’UPA affirme que cet argent supplémentaire permettrait de moderniser le programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles, de soutenir les petites entreprises ou encore de bonifier l’aide à la relève.

M. Groleau reconnaît que si la FADQ génère des surplus, c’est qu’il ne manque pas d’argent à l’heure actuelle pour répondre aux demandes des agriculteurs, mais il répète qu’il est nécessaire de réinvestir ces excédents en agriculture en vue des jours plus difficiles.

Mercredi, la Coalition avenir Québec a d’ailleurs annoncé son intention de créer un fonds de 50 millions de dollars, financé à même les surplus de la FADQ, pour augmenter les investissements privés en agriculture.

Cette demande électorale concernant la FADQ est formulée au moment où la renégociation de l’ALENA menace la gestion de l’offre, un autre système qui permet aux agriculteurs de faire face aux risques du métier.

« Si on sacrifiait la gestion de l’offre dans le cadre de la renégociation [de l’ALENA], c’est sûr qu’on ne parlerait pas seulement de 630 millions, précise M. Groleau. Ce serait beaucoup plus que ça, parce que près de la moitié des revenus agricoles au Québec proviennent de la gestion de l’offre. »

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