La croissance de l’emploi au Canada pointe vers une hausse des taux

Hormis un événement imprévu, la Banque du Canada devrait augmenter son taux directeur la semaine prochaine, estiment des économistes en constatant la vigueur relative du marché de l’emploi au mois de juin.
Le taux de chômage au Canada a grimpé de deux dixièmes de point à 6 %, conséquence d’un plus grand nombre de personnes à la recherche d’un emploi. Cependant, l’économie a créé 32 000 nouveaux postes. Au Québec, le niveau de l’emploi a légèrement diminué, mais le taux est demeuré à 5,4 %.
« Nous tablons toujours sur une hausse du taux directeur de la Banque du Canada en juillet, mais certains points faibles dans les données de juin sont conformes à notre opinion que la hausse de juillet sera la dernière pour 2018 », a écrit l’économiste Avery Shenfeld, de la CIBC, dans une note aux clients.
Le niveau de l’emploi n’a pas beaucoup changé en première moitié de 2018, a indiqué Statistique Canada vendredi. L’économie canadienne a créé 215 000 emplois depuis juin 2017, ce qui représente un gain de 1,2 %.
Le taux directeur de la banque centrale, capable d’influencer les autres taux et donc le comportement des consommateurs et des entreprises, se situe actuellement à 1,15 %. Ce taux est celui auquel les banques se prêtent des fonds pour une journée. La dernière hausse, de 25 points de base, remonte au mois de janvier.
Au-delà des éléments fondamentaux de l’économie, le gouverneur de la Banque du Canada a signalé la semaine dernière que la prochaine décision, prévue le 11 juillet, devrait aussi prendre en considération l’effet des tarifs annoncés par Washington sur l’acier et l’aluminium canadien.
Le gouvernement Trump a multiplié les attaques contre ses grands partenaires, ce qui pourrait avoir un impact réel sur l’économie mondiale et l’évolution des prix à la consommation, a ajouté l’équipe du Mouvement Desjardins. « La Banque du Canada devra faire preuve de doigté au cours des prochains mois afin de bien évaluer la situation, qui sera particulièrement délicate. Une longue période de stabilité des taux directeurs sera sans doute appropriée après la décision de juillet, et la prochaine hausse pourrait survenir seulement en 2019. »
Au sud de la frontière
Le taux de chômage aux États-Unis est remonté au mois dernier, mais la création d’emplois a tout de même été robuste, avec une hausse des salaires toujours contenue alors que les marchés s’interrogent sur la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.
De 3,8 % en mai, le taux de chômage a grimpé à 4 % en juin, selon les chiffres diffusés vendredi par le département du Travail. Mais les créations d’emplois ont été plus fortes que prévu, à 213 000 alors que les analystes tablaient sur 195 000.
Le salaire horaire moyen, particulièrement surveillé alors que la Fed veut juguler toute accélération de l’inflation, a progressé de seulement 0,2 % à 26,98 $US, portant l’augmentation sur un an à 2,7 %. Sur le mois, la hausse est inférieure aux anticipations des analystes qui tablaient sur une hausse de 0,3 % comme en mai.
Le nombre de chômeurs a augmenté de 499 000 personnes en juin, à 6,6 millions, mais a reculé de 400 000 sur un an.
« Les chiffres ne montrent pas encore d’impact de la guerre commerciale », ont souligné les analystes de Pantheon Economics dans une note. Le gouvernement Trump a déclenché une guerre des tarifs avec ses principaux partenaires, notamment la Chine, qui fait craindre aux entreprises un renchérissement des coûts de production et une baisse de leurs exportations.
Avec l'Agence France-Presse