Le Fonds FTQ, la LSE et Harvard unis pour une «transition énergétique juste»

Le Fonds de solidarité FTQ est la seule institution canadienne à faire partie du comité consultatif comprenant 24 membres recrutés un peu partout sur la planète.
Photo: Michael Monnier Le Devoir Le Fonds de solidarité FTQ est la seule institution canadienne à faire partie du comité consultatif comprenant 24 membres recrutés un peu partout sur la planète.

Le Fonds de solidarité FTQ est la seule institution canadienne à faire partie d’un comité consultatif mondial sur les enjeux liés à une transition énergétique juste. On vise l’ébauche d’un premier document pour le sommet de septembre sur l’investissement responsable, avec la Cop24 de Pologne dans la mire.

L’initiative vient de la London School of Economics (LSE) et de la Harvard Kennedy School. La Cop22 sur les changements climatiques, tenue à Marrakech en 2016, a été l’occasion d’une prise de conscience : la communauté et les travailleurs n’étaient tout simplement pas à l’agenda de la transition énergétique des grands décideurs. Ce thème cher au mouvement syndical est désormais repris avec, à la clé, une OCDE se faisant aujourd’hui l’apôtre d’une croissance exclusive. « L’expérience américaine, avec tous ces laissés pour compte dans le charbon ou encore dans le “Rust belt”, aujourd’hui sortis du système, nous interpelle tous », souligne Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques et corporatives au Fonds de solidarité.

Dans sa lecture sur l’économie américaine publiée le 6 juin dernier, l’OCDE le martelait : « Les pertes d’emplois sont devenues plus persistantes dans les secteurs ayant subi des chocs structurels, notamment le coeur industriel du pays. Cette situation a eu pour effet de créer des poches de chômage, de non-activité et de pauvreté. »

Elle ajoutait que « le déclin de l’activité des travailleurs d’âge très actif par rapport à la situation observée dans d’autres pays de l’OCDE constitue une évolution préoccupante. Le taux d’activité des femmes s’est redressé quelque peu, mais les hommes jeunes ayant un faible niveau d’instruction restent en marge du marché du travail. »

Cette illustration vient appuyer la pertinence du projet de mettre sur pied un comité consultatif mondial visant à concevoir des outils ou à proposer des stratégies et des idées d’« investissement en transition juste ».

« La transition énergétique va toucher des millions d’emplois. Dans le fossile, le plastique, la pétrochimie et ailleurs. Au même titre qu’on évoque les “stranded assets”, soit les actifs échoués, il faut aussi aborder la question des “stranded workers” et des “stranded communities” et l’ajouter à l’équation. »

Mario Tremblay s’inscrit en faux contre ce réflexe voulant que ces effets collatéraux soient pelletés dans la cour des gouvernements. « Ils ont une intervention à faire et un leadership à exercer mais les investisseurs ont également un rôle à jouer. Le Fonds de solidarité le démontre. La transition juste fait partie du plan d‘action. » Il donne l’exemple d’une grande entreprise italienne qui a accompagné sa transition vers les énergies renouvelables d’un pacte social conclut avec le syndicat ne prévoyant aucune mise à pied, articulé autour de mises à la retraite et d’investissements dans la formation.

Le fonds de travailleurs est la seule institution canadienne à faire partie du comité consultatif comprenant 24 membres recrutés un peu partout sur la planète. « C’est notre modèle d’intervention dans l’économie québécoise qui a retenu l’attention. Ils voulaient avoir notre input. » Mario Tremblay n’entend pas parler d’une seule voix. Il veut consulter les Mouvement Desjardins et Caisse de dépôt et placements de ce monde.

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