Chômage stable, mais salaires en hausse au Canada

L’économie canadienne a perdu des emplois pour un deuxième mois d’affilée en mai, mais les salaires ont affiché leur plus forte croissance annuelle en neuf ans, a indiqué vendredi Statistique Canada.
Quelque 7500 emplois ont disparu en mai, la baisse de l’emploi à temps plein n’ayant été que partiellement contrebalancée par une augmentation des emplois à temps partiel, a précisé l’agence fédérale. Le taux de chômage s’est quant à lui maintenu à 5,8 % pour un quatrième mois de suite.
Toutefois, les salaires horaires moyens, un indicateur clé pour la Banque du Canada, ont augmenté de 3,9 % par rapport à l’année précédente, ce qui représentait leur plus forte augmentation depuis avril 2009.
Pour Robert Kavcic, économiste principal à la Banque de Montréal, la croissance des salaires témoigne d’un solide marché du travail au Canada et d’une économie qui fonctionne près de son plein potentiel. « Cela renforce l’idée que le marché du travail se rapproche vraiment du plein-emploi et se resserre suffisamment pour faire grimper les salaires. »
M. Kavcic a ajouté qu’en tenant compte d’autres données économiques récentes — notamment un solide rapport sur la balance commerciale plus tôt cette semaine —, la Banque de Montréal maintenait ses prévisions voulant que la Banque du Canada hausse son taux d’intérêt directeur en juillet. « Nous croyons que la banque est toujours prête à agir. »
La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé lors de sa plus récente annonce, la semaine dernière, mais elle a aussi abandonné une référence à la prudence dans son communiqué de presse explicatif. Les économistes ont interprété ce changement comme un signal que la prochaine hausse des taux d’intérêt pourrait se produire plus tôt que tard. La banque centrale a relevé son taux cible du financement à un jour à trois reprises depuis l’été dernier. Celui-ci se situe actuellement à 1,25 %.
L’économiste en chef adjoint à la Banque Royale, Paul Ferley, a observé qu’une partie de la croissance des salaires reflétait les augmentations du salaire minimum introduites cette année en Ontario et au Québec, mais que ces augmentations n’expliquaient pas toutes les pressions à la hausse. « Le fait que les marchés du travail fonctionnent légèrement au-delà de leur capacité, avec un faible taux de chômage et une pression à la hausse sur la croissance des salaires, est un vote en faveur d’une poursuite du resserrement de Banque du Canada », a écrit M. Ferley dans une brève note à ses clients.
Le recul d’ensemble du nombre d’emplois était attribuable à la perte de 31 000 emplois à temps plein, ce qui a été partiellement contrebalancé par un gain de 23 600 postes à temps partiel. D’une année à l’autre, le marché du travail a gagné 238 000 emplois, une croissance de 1,3 % entièrement attribuable au travail à temps plein.
Portait inchangé au Québec
À l’échelle régionale, au Québec, une baisse du travail à temps plein a été contrebalancée par un gain de l’emploi à temps partiel, ce qui fait en sorte que le portrait de la province reste essentiellement inchangé. L’emploi au Québec a augmenté de 4700 ou de 0,1 % par rapport à avril. Le taux de chômage diminue de 0,1 point et s’établit à 5,3 %, a précisé l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). L’emploi à temps plein a baissé de 37 600 alors que celui à temps partiel a crû de 42 300.
Au cours des cinq premiers mois de 2018, comparativement à la même période de l’année précédente, l’emploi au Québec a progressé de 73 500 (+ 1,8 %). Au cours de cette période, l’emploi à temps plein a augmenté de 119 200 alors que celui à temps partiel a diminué de 45 700. Depuis le début de l’année 2018, le taux de chômage au Québec s’établit en moyenne à 5,4 %, poursuit l’ISQ.