«Le mythe start-up»: trouver du financement sans se faire avoir

«Ce n’est pas nécessairement le
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir «Ce n’est pas nécessairement le "fun" de récolter du financement, parce qu’il y a toute cette "game" politique et cette "game" psychologique avec des investisseurs ou des gens qui veulent te prêter de l’argent», raconte le cofondateur de Clinia.ca Simon Bédard.

Pour découvrir la face cachée du monde des entreprises en démarrage, Le Devoir vous présente Le mythe start-up, un balado qui franchit chacune des étapes du véritable parcours d’un entrepreneur, ici à travers l’histoire du cofondateur de Clinia.ca Simon Bédard. Dans le cinquième épisode, diffusé jeudi : le monde du financement, dans lequel les entrepreneurs s’aventurent en tentant de ne pas y laisser leur chemise.

Dans les premiers temps, il y a la famille et les amis qui acceptent de donner un peu d’argent parce qu’ils croient en votre projet d’entreprise, ou simplement parce qu’ils veulent vous encourager. Mais il arrive inévitablement un moment où ce capital d’amour, que les anglophones appellent à juste titre le « love money », ne suffit plus. Un moment où il faut convaincre des inconnus aux poches profondes de sortir leur chéquier en leur faisant miroiter un juteux retour sur investissement.

C’est ce que vit actuellement le cofondateur de Clinia.ca Simon Bédard, comme la quasi-totalité des jeunes entrepreneurs québécois. Il y a plus d’un an, il s’est donné l’objectif d’amasser 500 000 $ pour permettre à sa compagnie de rester à flot et de grossir. Et il y travaille toujours.

En entamant sa toute première période de financement, il est entré dans un univers à certains égards mystérieux, qui a ses propres codes, ses façons de faire… et ses pièges. « Si tu n’as pas d’expérience, je pense que c’est très, très facile de te faire avoir », explique-t-il dans le cinquième épisode du Mythe start-up.
 

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Penser différemment

Pour Simon Bédard, le simple fait de solliciter des investisseurs a été un important pas à franchir. « Je vais prendre l’argent de quelqu’un d’autre pour travailler sur un projet qui est le mien, et qui va devenir le nôtre parce qu’il va participer à l’actionnariat, mais ça se peut que ça ne fonctionne pas », dit-il en réfléchissant tout haut.

Pour trouver des repères, il a fait appel à des entrepreneurs qui connaissent bien le milieu de l’investissement, mais une fois assis dans le bureau des investisseurs, il a compris que le jeu de négociation prend parfois une tournure inattendue.

« Ce n’est pas nécessairement l’fun de récolter du financement, parce qu’il y a toute cette game politique et cette game psychologique avec des investisseurs ou des gens qui veulent te prêter de l’argent », raconte-t-il, évoquant par exemple les nombreuses conditions rattachées à une entente financière.

« Frapper aux mauvaises portes »

« Je pense qu’il y a une offre telle, autant en financement qu’en accompagnement dans l’écosystème, à Montréal, qu’on sent une certaine confusion chez les entrepreneurs, constate Liette Lamonde, qui dirige la Fondation Montréal inc. Au point où on est en train de développer une approche un peu plus concrète d’accompagnement des entrepreneurs dans leur recherche de financement, parce qu’on voit qu’ils perdent beaucoup d’énergie, beaucoup de temps à frapper aux mauvaises portes. »

Les entrepreneurs ont également tendance à craindre la dilution de leur actionnariat, soit le fait de posséder une moins grande part de leur compagnie à mesure que les investisseurs s’ajoutent. « On leur pose toujours la question, note Luc Giguère, responsable du programme accélération au Centech. Est-ce que c’est mieux d’avoir 100 % de Tony Patate ou 1 % de Apple ? Moi, je prendrais même 0,001 % de Apple, qui vaut maintenant au-dessus d’un billion de dollars canadiens. La dilution, c’est quelque chose qui fait peur à l’entrepreneur au départ, jusqu’à ce qu’il comprenne que c’est normal. »

 On a d’aussi bons produits et d’aussi bons ingénieurs que n’importe où, mais le marché intérieur est trop petit et l’accès aux capitaux est beaucoup plus difficile

Offre suffisante ?

Même quand on sait comment s’y prendre, l’accès au financement peut être difficile au Québec, estime Marc-Antoine Ducas, un entrepreneur en série qui dirige aujourd’hui la compagnie Netlift. « On a d’aussi bons produits et d’aussi bons ingénieurs que n’importe où, mais le marché intérieur est trop petit et l’accès aux capitaux est beaucoup plus difficile, dit-il. Il y a des millionnaires qui vont se créer au Québec, mais ce ne sera pas avec des fonds québécois. Ce n’est pas de l’argent québécois qui va en profiter. »

Le rapport annuel 2017 de PwC Canada et de CB Insights sur l’investissement dans les entreprises « émergentes » du pays lui donne en partie raison. On y apprend que l’an dernier, les investisseurs canadiens ont accaparé un peu plus de 50 % des investissements effectués au stade du démarrage, mais que cette proportion diminue lorsqu’il s’agit des entreprises plus matures.

Par exemple, 47 % des investissements dans des entreprises arrivées au stade de la croissance ont été réalisés par des firmes d’investissement canadiennes, tandis que les investisseurs américains (35 %), européens (13 %) et asiatiques (4 %) se sont occupés du reste.

Investisseurs canadiens les plus actifs en 2017

  • Banque de développement du Canada 33 compagnies
  • 500 Startups 16 compagnies
  • MaRS 15 compagnies
  • Fonds de solidarité FTQ 14 compagnies
  • Real Ventures 13 compagnies

Source : Rapport MoneyTree Canada 2017


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