L’économie risque de faire les frais du recul des syndicats

Un plus grand dialogue social entre les acteurs syndicaux, patronaux et gouvernementaux ne signifie pas qu’il y a moins de conflits, mais qu’ils disposent de canaux de résolution plus clairs et généralement plus efficaces, constate le rapport.
Photo: Catherine Legault Le Devoir Un plus grand dialogue social entre les acteurs syndicaux, patronaux et gouvernementaux ne signifie pas qu’il y a moins de conflits, mais qu’ils disposent de canaux de résolution plus clairs et généralement plus efficaces, constate le rapport.

Les effectifs des syndicats baissent dans la plupart des pays alors qu’ils sont d’une aide précieuse pour mieux partager la richesse, réduire la crise de confiance dans les institutions et simplement mieux faire fonctionner l’économie, constatent des organisations internationales.

La proportion des employés dont les conditions de travail et les salaires sont régis par une convention peut varier selon les secteurs d’activités et les pays, de moins de 5 % en Turquie à plus de 90 % dans les pays d’Europe du Nord, comme la Suède, observent l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un rapport conjoint dévoilé vendredi.

Cette proportion est en déclin « dans de nombreux pays depuis plusieurs décennies », déplore-t-on, alors même que l’expérience tend à démontrer que les économies où se tient un « dialogue social tripartite » entre les syndicats, les associations patronales et les gouvernements font mieux que les autres, tant en matière d’inclusion et de partage de la richesse pour tous les travailleurs qu’en matière de performance financière des entreprises et de confiance des populations dans leurs gouvernements.

« La croissance inclusive passe par la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité, a fait valoir dans un communiqué le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. À l’heure où la précarité règne, où les salaires stagnent et où la révolution numérique soulève de nouvelles difficultés, il est plus important que jamais de préserver des relations de travail constructives. »

Au total, c’est plus de la moitié de la main-d’oeuvre mondiale, soit environ deux milliards de travailleurs, qui occupe des emplois informels ou précaires, c’est-à-dire ne relevant d’aucune forme de contrat et ne venant avec aucune forme de couverture sociale.

Un monde (et des lois) en changement

 

Les causes de ce déclin syndical sont multiples. Il tient entre autres à des changements structurels comme le recul de l’industrie manufacturière et le recours grandissant aux emplois atypiques. Cela vient aussi de la mondialisation des chaînes de valeur et donc de l’éparpillement géographique des travailleurs et de leurs intérêts. Des employeurs et des gouvernements se montrent aussi plus hostiles aux syndicats qu’auparavant, notamment parce qu’ils y voient des obstacles à la compétitivité face à une concurrence féroce.

Le Canada s’inscrit dans la tendance générale. Avec environ 30 % de ses travailleurs couverts par des conventions collectives, il fait presque trois fois mieux que son voisin américain, mais arrive loin derrière des pays développés européens. Il accuse aussi un léger recul de quelques points de pourcentage depuis 10 ans.

Les syndicats ne sont pas les seuls à perdre des plumes, rapportent l’OCDE et l’OIT. Les entreprises, grandes et petites, se montrent aussi plus réfractaires à se joindre à des associations patronales qui leur permettraient de parler d’une voix unie.

30%

C’est la proportion des travailleurs canadiens couverts par des conventions collectives.

Appel au dialogue

Un plus grand dialogue social entre les acteurs syndicaux, patronaux et gouvernementaux ne signifie pas qu’il y a moins de conflits, mais qu’ils disposent de canaux de résolution plus clairs et généralement plus efficaces, constate le rapport. En Europe, cette approche a non seulement été utilisée pour convenir des règles de fonctionnement de plusieurs secteurs économiques, elle a aussi servi pour trouver la meilleure façon de réagir aux conséquences de la Grande Récession. Plus récemment, elle a été utilisée dans les pays scandinaves pour trouver des façons rapides et efficaces d’intégrer des réfugiés au marché du travail.

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