Un nouveau nom pour la CSeries quand elle appartiendra à Airbus?

Un A350 stationné au Bourget. Airbus pourrait rebaptiser la CSeries, afin d’harmoniser sa gamme de produits.
Photo: Eric Piermont Agence France-Presse Un A350 stationné au Bourget. Airbus pourrait rebaptiser la CSeries, afin d’harmoniser sa gamme de produits.

Lorsqu’il aura officiellement pris les commandes de la CSeries plus tard cette année, le géant Airbus exigera que cette famille d’avions développée par Bombardier depuis le début des années 2000 adopte rapidement son nom.

Selon l’agence Bloomberg, qui cite des sources anonymes, l’avionneur européen opterait pour la famille « A200 ». Les noms « A210 » et « A230 » pourraient ainsi remplacer les CS100 et CS300 — les deux versions de la CSeries. Un tel changement permettrait à la multinationale établie à Toulouse, en France, d’harmoniser son portefeuille de produits. Les CSeries se trouveraient tout juste sous la gamme d’avions monocouloirs A320 d’Airbus.

Par courriel, une porte-parole de l’avionneur européen n’a pas voulu s’avancer sur un échéancier, mais elle a néanmoins laissé entendre qu’un changement de nom risquait d’être envisagé. De son côté, un porte-parole de Bombardier, Simon Letendre, a fait savoir que l’entreprise n’avait pas d’annonce à faire à ce sujet « pour l’instant », ajoutant que l’alliance avec Airbus allait apporter une « immense valeur » au programme.

En vertu de l’alliance annoncée l’automne dernier, Airbus deviendra l’actionnaire majoritaire de la CSeries, qui a coûté environ 6 milliards $US à développer, sans avoir à verser un seul sou. La part de Bombardier passera à 31 %. Celle du gouvernement québécois — qui a injecté 1 milliard $US en 2015 — passera à environ 19 %. En échange, l’avionneur québécois pourra miser sur la force de vente de son partenaire et sur son service après-vente pour convaincre les acheteurs potentiels.

Les deux avionneurs s’affairent toujours à finaliser leur alliance, qui, selon certains observateurs, devrait être annoncée à temps pour le Salon aéronautique de Farnborough, qui se déroulera en juillet au Royaume-Uni.

Bien conscient que la pilule pourrait être difficile à avaler pour les contribuables québécois, Richard Aboulafia, de la firme américaine Teal Group, croit qu’un changement de nom constitue une option tout à fait logique. « Une des principales raisons pour le faire est de rassurer le marché en indiquant que la CSeries a derrière elle un partenaire qui sera là longtemps », a expliqué l’analyste au cours d’un entretien téléphonique.

Le professeur Karl Moore, du Département de gestion de l’Université McGill, a abondé dans ce sens, ajoutant qu’une intégration au portefeuille d’Airbus devrait contribuer à stimuler les nouvelles commandes. « Les compagnies aériennes vont considérer cet avion plus sérieusement parce qu’il fait partie du giron d’Airbus, a-t-il analysé. Il ne s’agit pas d’un appareil orphelin construit par une autre compagnie. C’est ce qu’il faut retenir. »

Bombardier comptait 348 commandes fermes pour la CSeries en date du 31 décembre dernier.

Même si l’avionneur québécois a remporté sa dispute commerciale contre Boeing, permettant ainsi à la CSeries d’être exonérée de droits tarifaires en territoire américain, cela ne l’empêchera pas de construire une ligne d’assemblage aux installations de l’avionneur européen en Alabama. Cette clause figure au coeur du partenariat.

En plus d’un changement de nom, Airbus pourrait serrer la vis aux fournisseurs québécois dans le but de rentabiliser son partenariat. « C’est le réel problème, a observé M. Aboulafia. Même si vous avez le meilleur avion du monde, s’il est plus cher que ceux d’Airbus ou de Boeing, les compagnies vont se demander pourquoi elles devraient payer plus cher. »

Lors d’une visite du premier ministre Philippe Couillard aux installations de la multinationale à Toulouse, le mois dernier, un responsable de l’avionneur européen avait indiqué vouloir faire miroiter une hausse du volume aux fournisseurs québécois dans l’espoir d’obtenir des réductions de prix.

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