Hiver difficile pour Transat

La saison hivernale s’avère plus difficile que prévu pour le voyagiste québécois Transat A.T., qui continue de ressentir les effets de la dernière saison des ouragans ayant ravagé une partie des Antilles en septembre.
Si l’entreprise avait minimisé ces événements météorologiques en décembre, ses dirigeants ont changé leur fusil d’épaule jeudi en reconnaissant qu’il y aurait un impact défavorable sur la performance financière au deuxième trimestre. En marge de l’assemblée annuelle, qui se déroulait à Montréal, l’exploitant du transporteur Air Transat a chiffré à 10 à 15 millions l’impact négatif au deuxième trimestre provoqué par les ouragans qui ont modifié les plans de nombreux vacanciers. Pour le premier trimestre, cette situation a eu une incidence défavorable d’environ 5 millions.
Numéro deux de l’entreprise, la chef de l’exploitation, Annick Guérard, a reconnu en conférence de presse que la mauvaise publicité des scènes de dévastation à Cuba avait semé le doute dans l’esprit des voyageurs. « Nous discutions avec les clients et agences de voyages et plusieurs disaient : “Nous ne sommes pas certains que tout est rentré dans l’ordre à Cuba, peut-être que nous devrions choisir une autre destination” », a précisé Mme Guérard, qui remplacera le président et chef de la direction Jean-Marc Eustache au terme d’un échéancier qui n’a pas été précisé. Cuba représente le quart de la capacité de Transat vers les destinations soleil.
Plusieurs compagnies aériennes se sont tournées vers d’autres endroits, comme le Mexique, ce qui a eu une influence négative sur les profits de Transat, qui a réduit ses prix afin de demeurer concurrentielle.
Même si les dommages provoqués par les ouragans ont été réparés à peu près partout dans les Antilles à l’exception de Saint-Martin et San Juan, les vacanciers tardent à renouer avec Cuba, a indiqué Mme Guérard. « Le ralentissement est encore présent. C’est un peu mieux, mais il y aura certainement un impact à Cuba en ce qui a trait au nombre de voyageurs. »
Mme Guérard, qui dirige les activités quotidiennes du voyagiste depuis le 1er novembre, anticipe un regain d’intérêt à l’endroit de l’île communiste des Antilles puisqu’elle figure parmi les destinations favorites des Canadiens.
Nouveau plan
Transat a par ailleurs annoncé un nouveau plan stratégique de cinq ans afin de continuer à réduire ses coûts tout en poursuivant le développement de sa chaîne d’hôtels, qui devrait compter 5000 chambres et générer un bénéfice d’exploitation de 80 millions dans sept ans. L’entreprise n’écarte pas la possibilité d’acheter et de rénover des hôtels existants, mais préfère acquérir des terrains au Mexique et dans les Antilles pour y ériger des complexes de quatre étoiles et demie et cinq étoiles.
Selon M. Eustache, cette chaîne devrait générer des marges oscillant entre 20 et 35 % et qui sont 10 fois supérieures à celles de Transat.
Parallèlement, le voyagiste table sur d’autres initiatives afin de générer davantage de revenus accessoires, notamment en ce qui concerne les bagages, les sièges réservés et d’autres mesures actuellement en vigueur chez les transporteurs canadiens.
L’homme d’affaires de 70 ans consacrera son temps au développement de la chaîne hôtelière, mais aura quitté l’entreprise en 2024, année où le projet devrait être mené à bien. « J’aime bien Transat, mais, à un moment donné, assez, c’est assez », a-t-il lancé à la blague en réponse à une question sur le sujet.
Résultats
Au premier trimestre, le voyagiste a affiché une perte nette de 6,6 millions, ou 18 ¢ par action, par rapport à 32,1 millions, ou 87 ¢ par action, à la même période l’an dernier. Abstraction faite des éléments non récurrents, la perte ajustée pour le trimestre terminé le 31 janvier s’est chiffrée à 33,9 millions, ou 91 ¢ par action, comparativement à 36 millions, ou 98 ¢ par action, en 2017. Le chiffre d’affaires a progressé de 5,3 %, à 725,8 millions, stimulé notamment par une augmentation du nombre de voyageurs vers les destinations soleil et sur le marché transatlantique.
En fin de journée, à la Bourse de Toronto, l’action de Transat abandonnait 9,4 %, ou 93 ¢, pour terminer la séance à 8,98 $.