Kruger dénonce les sanctions américaines

L’imposition de droits antidumping sur le papier journal canadien a épargné Produits forestiers Résolu et White Birch, mais elle frappe de plein fouet Kruger, qui veut mettre en oeuvre « tous les recours légaux à sa disposition » afin de combattre les tarifs de 22,16 % publiés mardi soir.
Pour Kruger, dont les usines touchées se trouvent à Trois-Rivières, Brompton et Corner Brook (Terre-Neuve), ces sanctions s’ajoutent aux droits compensateurs de 9,93 % annoncés en janvier.
La compagnie entend travailler avec toutes ses parties prenantes, dont les travailleurs, les fournisseurs et les gouvernements, pour « minimiser l’impact de ces droits sur ses activités et assurer la viabilité de ses opérations ». Les trois usines comptent 1090 employés, mais une partie des 270 travailleurs de Trois-Rivières se consacrent à la production de carton.
« L’entreprise est déçue d’une décision qui est non seulement injuste mais infondée puisqu’une enquête approfondie démontrerait clairement que Kruger ne pratique en aucun cas le dumping de produits », a affirmé la compagnie dans un communiqué.
« En fait, l’entreprise estime avoir été entraînée par le courant actuel des différends commerciaux qui dépassent largement la portée de ses activités et se voit maintenant visée par des décisions qui ne reflètent pas la réalité de ses pratiques d’affaires », a ajouté l’entreprise québécoise. La direction n’a pas souhaité donner d’entrevue.
Dans sa décision publiée mardi soir, le département du Commerce a complètement épargné White Birch et Résolu, mais a imposé à Catalyst et à tous les autres des droits antidumping de 22,16 %. Le plaignant, NORPAC, est un petit producteur de l’Ouest américain qui accuse l’industrie canadienne de bénéficier d’un appui déloyal de la part des gouvernements et de vendre ses produits à faible prix.
L’argumentaire de NORPAC, détenue par un fonds de couverture de Wall Street, est vivement critiqué par de multiples groupes aux États-Unis, dont l’industrie des journaux, qui redoutent une hausse du prix de leur matière première. Si la demande baisse, disent les journaux, le problème n’est pas la concurrence canadienne, mais la consommation d’information sur les plateformes numériques.
Réaction de Québec
« On va agir exactement de la même manière qu’on a agi pour le bois d’oeuvre, c’est-à-dire en mobilisant toutes les forces, en nous assurant d’avoir une défense bien étayée, et en défendant les intérêts des travailleurs », a dit à Québec la ministre de l’Économie, Dominique Anglade. Il faut entre autres que les entreprises exportatrices aient aisément accès aux liquidités nécessaires pour faire face aux droits frontaliers, a-t-elle précisé.
« Ce n’est pas une histoire de subventions, c’est une histoire de rhétorique protectionniste, à laquelle on s’oppose évidemment », a ajouté la ministre. Ottawa a également dénoncé la décision mardi soir.
L’établissement des droits antidumping publié mardi est préliminaire. Washington annoncera sa décision définitive le 2 août.
Le Québec est responsable de 50 % des exportations canadiennes de papier non couché mécanique, a rappelé le gouvernement Couillard. Cela inclut le papier journal de même que le papier pour livres de format poche. En 2016, selon les estimations du gouvernement américain, les exportations canadiennes dans leur ensemble ont atteint 1,27 milliard $US.
« Le mandat de Raymond Chrétien, négociateur en chef du Québec dans le dossier du bois d’oeuvre résineux, a été élargi afin d’inclure ce litige », a indiqué Québec.
Pour les compagnies forestières, les droits sur le papier journal s’ajoutent à ceux sur le bois d’oeuvre, mais aussi à ceux sur le papier surcalandré, annoncés en 2015 et qui touchent le papier magazine.