CAE pourrait en appeler de la décision d'Ottawa

Le p.-d.g. de CAE affirme qu'il pourrait contester l'attribution récente d'un contrat pour la formation de pilotes de CF-18 à un consortium qui inclut Bombardier, à la grande surprise du ministre de la Défense.

Derek Burney a indiqué hier que la compagnie qu'il dirige tente d'obtenir plus d'informations de la part du gouvernement fédéral afin de pouvoir juger s'il vaut la peine ou non d'en appeler de la décision d'Ottawa.

«Le processus était ouvert, juste et transparent», a laissé savoir David Pratt, ministre de la Défense, en précisant que la soumission choisie offrait le meilleur rapport qualité-prix pour les contribuables. «En juin dernier, dès le début de la période de l'invitation à soumissionner, CAE était au courant des modalités et des conditions. Tout au long du processus d'acquisition, CAE n'a aucunement signalé son objection au processus. Vous comprendrez alors ma surprise lorsque j'ai appris que CAE avait formulé publiquement ses objections, une fois le contrat attribué.»

Rumeurs de déménagement

Derek Burney a par ailleurs nié les rumeurs voulant que CAE, dont le siège social est situé à Toronto, déménagerait aux États-Unis pour augmenter ses chances de décrocher des contrats dans le plus grand marché militaire et aéronautique au monde. «Malgré ce qui nous arrive présentement, nous ne songeons pas à nous installer aux États-Unis.»

La semaine dernière, CAE a annoncé la mise à pied de 300 employés après avoir appris que le gouvernement fédéral avait accordé le contrat d'une valeur de 270 millions de dollars à un consortium rival qui comprend L-3 Communications, de New York, et Bombardier.

L'offre de CAE aurait pourtant coûté 44 millions au gouvernement, en plus d'offrir une technologie canadienne. La proposition de Bombardier stipule que les simulateurs d'entraînement seront fournis par L-3 Communications, qui a un mandat semblable pour livrer des équipements à la marine américaine.

La situation a attiré l'attention d'un magazine britannique spécialisé dans l'aéronautique. Le Defense Training Journal compare cette affaire à la célèbre controverse entourant l'avion Arrow d'Avro, dans les années 50, afin de souligner que la décision du gouvernement se justifie difficilement dans le contexte actuel.

Pas de réponse

M. Burney soutient quant à lui qu'il n'a toujours reçu aucune réponse du gouvernement à la suite de la lettre qu'il a envoyée à Paul Martin pour demander des explications.

Il dit par contre avoir découvert qu'Atlantis Systems, une entreprise de Brampton, en Ontario, dont le nom est inscrit sur la liste des compagnies canadiennes faisant partie du consortium de Bombardier, a écrit au gouvernement pour nier son implication dans le contrat. «Ce fait vient diminuer grandement la participation d'entreprises canadiennes au contrat.»

Le porte-parole de Bombardier, David Jurkowski, a dit que la compagnie croit toujours que la soumission dont elle fait partie offre un contenu canadien à hauteur de 66 %, mais n'a pu confirmer que cette soumission était plus élevée que celle de CAE.

L'analyste Richard Stoneman, de Dundee Securities, soutient que selon des sources à Ottawa, le gouvernement a favorisé Bombardier afin que la compagnie ne vende pas ses activités d'entraînement dans le secteur de l'aviation. Le jour même de l'annonce de l'attribution du contrat du fédéral, Bombardier annonçait que sa division n'était plus à vendre.

«Ce sont les gens de L-3 Communications qui doivent rire dans leur barbe», conclut M. Stoneman.

À voir en vidéo