Premier rapport - Ford Focus: maturité et raffinement

Comme bon nombre de voitures américaines, la Focus a connu sa part d'ennuis lors de son introduction, il y a cinq ans. Mais la fiabilité n'a cessé de progresser depuis, au point où la compacte de Ford est devenue la seule voiture américaine de cette catégorie à être recommandée par plusieurs publications spécialisées.

Sous sa forme actuelle, la Focus en est à sa dernière année. Sa remplaçante est attendue à l'automne et elle partagera sa plateforme avec deux autres compactes de la grande famille Ford, soit la Mazda 3 et la nouvelle Volvo S40. Raffinée, bien construite et désormais fiable, l'édition actuelle mérite néanmoins qu'on s'y arrête.

De la variété

Sur le plan esthétique, la Focus est loin de faire l'unanimité. Le style New Edge, avec ses rondeurs qui se marient à des formes anguleuses, semble avoir autant d'adeptes que de détracteurs. Mais une chose est sûre: le modèle d'entrée de la gamme Ford se démarque du reste du peloton. Cette combinaison d'audace et d'originalité mérite d'être saluée. Par ailleurs, la gamme Focus propose un choix étoffé de versions et de configurations, avec des carrosseries à trois, quatre ou cinq portes, ainsi qu'une familiale. Et n'oublions pas les versions SVT, très prisées des amateurs de petites sportives.

Des leçons pour GM et Chrysler

Dans la catégorie des compactes, la Focus est l'une des plus spacieuses. Peu importe la configuration, l'espace pour les jambes à l'arrière ne fait jamais défaut, tandis que les personnes de grande taille n'auront pas la tête collée au plafond. À l'avant comme à l'arrière, les occupants ont droit à des sièges généreusement rembourrés. Le conducteur et son passager de droite bénéficient de surcroît d'un bon support latéral.

Les constructeurs américains sont par ailleurs réputés pour la qualité de leurs chaînes audio et la Focus en est un bon exemple. Même dans les versions les moins chères, leur rendement impressionne. Ford pourrait cependant donner des leçons à GM et Chrysler dans les domaines de l'ergonomie, de la finition et de la qualité d'assemblage. On ne peut donc pas reprocher grand-chose à l'habitacle, si ce n'est une ceinture de sécurité difficile d'accès à l'avant et une console peu pratique.

Moteurs: qualité et quantité

Le manque de raffinement mécanique des compactes américaines constitue leur principale faiblesse. Or, il s'agit d'une des forces de la Focus. Ford est en effet le seul constructeur de Detroit qui soit parvenu à concevoir des motorisations à quatre cylindres pouvant rivaliser avec celles des petites voitures importées.

Ici, qualité rime également avec quantité, car il n'y a que la VW Golf qui offre un plus large éventail de moteurs dans ce créneau. La Focus en a trois à sa disposition et s'ils ont tous la même cylindrée (2 litres), leur architecture varie, tout comme la puissance. Ainsi, le moteur offert en série dans les versions plus abordables (LX et SE) n'a qu'un seul arbre à cames, contre deux pour les autres versions, ce qui se traduit par une différence de 20 chevaux (130 contre 110). L'ajout d'une culasse en aluminium, d'une distribution variable et d'un système d'admission/échappement retravaillé fait grimper leur puissance de la sportive SVT à 170 chevaux. Celle-ci a par ailleurs l'exclusivité de la boîte manuelle à 6 rapports, les autres motorisations pouvant être jumelées à une boîte manuelle à 5 rapports ou, en option, à une boîte automatique à 4 rapports.

Agrément de conduite réel

Là où la Focus surpasse ses ternes rivales japonaises, c'est au chapitre de l'agrément de conduite. C'est moins vrai pour les versions de base, handicapées par leur moteur faiblard; sinon, le plaisir est au rendez-vous, surtout si vous avez opté pour une boîte manuelle. Celle-ci brille par son guidage très précis et son étagement. La direction accomplit elle aussi un boulot exemplaire: elle est rapide, précise et l'assistance est bien dosée. Avec ou sans ABS — en option sur la plupart des versions —, l'efficacité du freinage n'a pu être prise en défaut.

La suspension procure un confort et une douceur de roulement qui placent la Focus parmi les meilleures de sa catégorie, mais le trop grand débattement des amortisseurs et les réactions bizarres du train arrière refroidiront les ardeurs des conducteurs plus sportifs. Même la SVT affiche cette fâcheuse tendance à «talonner» sur un revêtement accidenté. En revanche, elle est moins affectée par le roulis que les autres versions de la Focus.

Disons-le sans détour: la Ford Focus demeure la seule compacte américaine capable de rivaliser avec les voitures importées de cette catégorie. Plus raffinée et mieux assemblée que ses rivales coréennes, elle se rapproche de plus en plus des japonaises au chapitre de la fiabilité. Quant à ses compatriotes de GM et Chrysler, n'en parlons même pas: le tandem Cavalier/Sunfire et la Dodge SX 2.0 ont 10 ans, voire 20 ans, de retard sur la concurrence. À éviter.

- Les concurrentes de la Ford Focus:

Chevrolet Optra, Hyundai Elantra, Kia Spectra (Corée du Sud); Chevrolet Cavalier, Pontiac Sunfire, Dodge 2.0 SX, Saturn ION (États-Unis); Honda Civic, Mazda 3, Mitsubishi Lancer, Nissan Sentra, Subaru Impreza, Suzuki Aerio, Toyota Corolla (Japon); Volkswagen Golf et Jetta (Allemagne).

- Échelle de prix: 16 475 $ (LX) à 28 095 $ (SVT 5 portes)

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