Petro-Canada: Ottawa pourrait vendre sa participation d'ici juillet

Toronto — Les formalités préalables à la vente de la participation du gouvernement fédéral dans Petro-Canada seront terminées d'ici quatre à six semaines et le bloc d'actions d'une valeur de 2,8 milliards de dollars devrait être écoulé au plus tard à la fin juin, ont indiqué des responsables cités par le Globe and Mail.

La transaction sera vraisemblablement la plus importante de l'histoire canadienne des valeurs mobilières. En raison de la concurrence féroce qui règne dans le marché financier, l'affaire ne sera sans doute pas aussi payante que le souhaiteraient les banquiers d'investissement.

Le moment de la vente dépendra du temps qu'il faudra aux autorités gouvernementales pour préparer les documents nécessaires en respectant toutes les règles et sans bouleverser les marchés, précisait le ministre des Finances, Ralph Goodale, en marge du discours sur le budget, il y a trois semaines. «C'est la probité du processus qui me préoccupe le plus, et je vais y être très attentif», soulignait-il.

Pour remplir toutes les exigences réglementaires, Ottawa aura besoin de quelques semaines encore, d'après des sources proches du dossier.

Même si plusieurs firmes de Bay Street leur ont fait des propositions détaillées en vue de la transaction, les autorités ont en effet décidé de repartir de zéro pour s'assurer que le processus serait équitable pour tous.

Transparence

Le ministre tient particulièrement à ce que la vente soit transparente, parce que les élections fédérales approchent et aussi parce que la population est devenue très méfiante envers le gouvernement depuis la mise au jour du scandale des commandites.

Les responsables du dossier auront en outre fort à faire pour préparer des prospectus pour les investisseurs américains. Au Canada, il suffit généralement de présenter un document court, contenant des renvois à d'autres publications disponibles.

Aux États-Unis, les autorités sont plus exigeantes. «C'est compliqué. Et comme ça pourrait être — ou sera — la plus grosse transaction de ce genre, on n'a pas de point de comparaison», a souligné M. Goodale. «Alors nous allons faire très attention pour être certains que chaque étape est bien menée, sur les plans économique, légal et professionnel.»

On s'attend à ce que le gouvernement rencontre toutes les grandes firmes d'investissement canadiennes et internationales, y compris celles de Calgary, où se trouve le siège social de la pétrolière.

L'honneur de mener la prise ferme devrait revenir à une ou deux des six maisons de courtage appartenant aux grandes banques à charte canadiennes, en collaboration avec une firme d'envergure internationale bien implantée au pays.

Firmes de courtage proches du PLC

D'après Bay Street, le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter de donner un caractère politique à l'affaire. À quelques mois d'un scrutin, les libéraux se sentent très vulnérables et ne veulent absolument pas être taxés de favoritisme.

Or, plusieurs firmes de courtage comptent parmi leurs dirigeants des proches du Parti libéral du Canada et même d'anciens politiciens. Le vice-président de BMO Nesbitt Burns, Ed Lumley, a déjà été ministre, tandis que le président et chef de la direction de Scotia Capitaux, David Wilson, a longtemps participé à la campagne de financement du parti, en plus d'être membre du Club Laurier.

Avant de choisir un intermédiaire financier, le ministère des Finances demandera à chaque firme de lui proposer une stratégie pour la vente et faire la démonstration de son expertise. Il semble que la plupart des maisons tenteront de donner aux petits investisseurs la chance d'investir dans Petro-Canada.

Normalement, la commission des firmes de courtage pour ce genre de transaction équivaut à environ 4 %. En raison de la taille de l'offre et de son prestige, les sociétés pourraient toutefois se contenter de 1 % ou 2 %, soit entre 28 et 56 millions de dollars, ont indiqué des sources dans le milieu financier torontois. Le gouvernement fédéral détient toujours 19 % des actions de l'entreprise albertaine.

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