Vos finances - Le marché boursier continue en mode haussier

Un automobiliste de San Francisco fait le plein. Les cours du brut ont récemment atteint un niveau jamais vu en 13 ans à près de 40 $US le baril.
Photo: Agence Reuters Un automobiliste de San Francisco fait le plein. Les cours du brut ont récemment atteint un niveau jamais vu en 13 ans à près de 40 $US le baril.

Le repli du mois dernier n'a rien enlevé à la santé de l'élan haussier du marché boursier qui a pris naissance en mars 2003. Les cibles des prévisionnistes demeurent, malgré l'apparition de nuages sombres, tant que les taux d'intérêt resteront faibles. Avec plus de gains résiduels à espérer aux États-Unis qu'au Canada.

Dans leur livraison d'avril, les analystes de la Financière Banque Nationale (FBN) font ressortir l'état d'esprit qui règne sur les marchés boursiers un an près le déclenchement d'un nouveau cycle haussier. En clair, les cibles demeurent cette année, malgré l'émergence de facteurs de risque. Le scénario prévoit une progression boursière arrimée à une croissance économique génératrice de profits pour les entreprises, à l'abondance de liquidités et à des taux d'intérêt demeurant stables.

Ainsi, loin d'indiquer un renversement de tendance, le recul du mois dernier, d'environ 5 %, n'était qu'une pause dans cet élan haussier amorcé en mars 2003 et qui aura produit une poussée ininterrompue de 45 % tant pour l'indice S&P 500, représentatif du marché boursier américain, que de son équivalent canadien, le TSX. Ainsi depuis le début de 2003, soit «pendant 14 mois, il [l'indice S&P 500] n'a jamais cédé plus de 2 %, ce qui représente la plus longue ascension du genre depuis 1996», ont noté les analystes de la FBN.

Ces analystes continuent donc à situer le sommet de l'indice américain autour des 1225 points, et celui du TSX, à 9200. S'ils chiffraient au début de l'année l'objectif de hausse pour 2004 à 10,5 et à 12 % respectivement, il reste à l'indice américain un potentiel haussier de 7,5 %, contre 4 % pour l'indice torontois. À cette augmentation moyenne il faut ajouter un rendement en dividende moyen estimé à 1,8 %, dans les deux cas, à partir du niveau actuel. Pas si mal, donc.

Facteurs de risque

Des facteurs de risque supplémentaires sont, certes, apparus depuis. On peut penser à ce contexte géopolitique encore plus instable et aux pressions à la hausse sur les cours pétroliers, qui ont récemment atteint un niveau jamais vu en 13 ans à près de 40 $US le baril. «Chaque récession depuis 1974 s'est produite quand le cours du pétrole se situait à proximité ou au-dessus des 40 $US le baril en dollars de 2004», a souligné la FBN. Mais pour l'heure, il faut retenir que l'économie évolue toujours en mode ascendant et que la croissance mondiale synchronisée à laquelle nous assistons est la plus forte en 25 ans.

Ces bémols étant, la reprise est génératrice de profits pour les entreprises. Au quatrième trimestre 2003, l'indice de bénéfice du S&P 500 était en hausse de 28 % sur un an. Au premier trimestre 2004, le consensus de First Call/Thomson Capital fait ressortir une progression supplémentaire (révisée à la hausse) de 20 %, «soit beaucoup plus que la moyenne historique de 7,2 %».

Surtout, «de telles révisions à la hausse sont très rares». D'ailleurs, depuis dix ans, les analystes nous ont plutôt habitués à l'inverse. «Depuis 1985, les analystes réduisaient leurs prévisions à un an en moyenne de 0,7 % par mois, avec des révisions négatives pour 81 % des mois comptabilisés [200 sur 221]. Récemment, la tendance a été inversée. Pendant neuf mois de suite aux États-Unis et six au Canada, les prévisions ont été corrigées à la hausse», peut-on lire dans le document Vision de la filiale de courtage de la Banque Nationale.

L'autre facteur fondamental favorable s'inspire de cette stabilité attendue au niveau des taux directeurs des banques centrales. L'on mise sur un statu quo de la Réserve fédérale, en cette année d'élections aux États-Unis, sur une légère détente monétaire au Canada. Mais, dans l'ensemble, le mot d'ordre est à la stabilité des taux de court terme cette année, la remontée n'étant pas attendue avant le printemps 2005, au plus tôt.

Cette conjoncture vient influencer les mouvements de liquidités, de plus en plus déplacées vers le marché boursier. Au début de l'année aux États-Unis, l'actif des fonds d'investissement atteignait un record de 7500 milliards. Les fonds d'actions ont bénéficié d'entrées nettes de 43,8 milliards, soit le plus important afflux depuis le début 2000. À l'opposé l'actif des fonds du marché monétaire avait été ramené à deux milliards, à son niveau le plus bas en trois ans. «La part des fonds du marché monétaire dans l'actif total des fonds est maintenant inférieure à la moyenne historique», ont ajouté les analystes de la FBN.

Ce phénomène de transfert sous l'influence de la faiblesse des taux a également été observé au Canada, mais avec un décalage de quelques mois. Les données de mars de l'Institut des fonds d'investissement du Canada, tout en soulignant que l'industrie avait connu sa meilleure saison REER en quatre ans, mettaient en exergue le fait que les investisseurs délaissaient graduellement les catégories plus défensives pour tenter une percée, encore timide mais réelle, dans le segment plus volatil des actions.

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