La Chine fait bondir la demande pétrolière
Paris — Le dynamisme tous azimuts de la Chine va provoquer une croissance plus forte que prévu de la demande mondiale de pétrole cette année, mais la baisse de production de l'OPEP annoncée la semaine dernière reste pour l'heure «symbolique», estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
L'AIE, une émanation de l'OCDE chargée de veiller aux intérêts des pays occidentaux en matière d'énergie, vient de revoir une nouvelle fois en hausse, dans son rapport mensuel paru hier, sa prévision de croissance de la demande de produits pétroliers en 2004. Elle table désormais sur une demande de pétrole de 80,3 millions de barils par jour (mbj) en 2004.«La consommation d'énergie en forte croissance de la Chine alimente l'essentiel de la croissance de la demande mondiale de brut», et certaines statistiques chinoises «suggèrent que la demande au second trimestre pourrait à nouveau dépasser les attentes», note l'AIE.
La vigoureuse croissance économique chinoise est considérée depuis des mois comme l'un des principaux facteurs à l'origine de la hausse des prix de nombreuses matières premières, dont le pétrole. Selon des chiffres provisoires, la demande chinoise de brut aurait bondi de près de 18 % au premier trimestre 2004 comparé à la même période de 2003, soit une progression de 900 000 barils par jour.
Des nouvelles plutôt inquiétantes alors que les cours du brut à New York ont atteint mi-mars leurs niveaux les plus hauts depuis l'invasion irakienne du Koweït en 1990, avant de se replier quelque peu depuis.
Symbolique
Mais l'AIE, comme la plupart des analystes du marché pétrolier, ne croit guère à la mise en oeuvre de la récente décision de l'OPEP d'une baisse de production d'environ 2,5 mbj.
L'OPEP, réunie la semaine dernière à Vienne, avait maintenu la baisse de production décidée un peu plus d'un mois auparavant, en dépit de fortes pressions de la part des pays consommateurs et de l'AIE elle-même, arguant d'une baisse prévisible de la demande au deuxième trimestre, qui risquerait de faire chuter les prix du baril. Mais le cartel applique rarement à la lettre ses décisions. «Pour le moment, cette baisse du plafond de production est sans doute purement symbolique», souligne l'AIE.
L'agence estime que seuls trois pays, l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et l'Iran, sont susceptibles de réduire réellement leur production, plusieurs autres, comme l'Algérie ou la Libye, s'efforçant au contraire de l'augmenter.
Par ailleurs, l'Irak, qui demeure pour le moment exclu du système de quotas, a vu sa production progresser d'environ 500 000 bj en mars, si bien que le pays devrait sauf imprévu revenir au cours des «prochains mois» à une capacité d'exportations de deux mbj, note l'agence, qui ne semble pas s'inquiéter pour l'instant de la reprise des combats depuis quelques jours dans le pays.
Combiné à la baisse saisonnière de la demande habituelle au deuxième trimestre, la hausse de la production irakienne et le dépassement de ses quotas par l'OPEP «fournissent une occasion pour un renflouement bien nécessaire des stocks» commerciaux de brut dans les pays consommateurs, se félicite l'AIE, qui depuis plusieurs mois a fait de ce thème son cheval de bataille.