Taux de chômage à 7,5 % - Le Canada ne crée toujours pas d'emplois

Le marché du travail est demeuré anémique au Canada. En fait, la création d'emplois a reculé en mars pour un deuxième mois consécutif. En première réaction, le dollar canadien a abandonné plus de 1 ¢US face à sa contrepartie américaine, cette statistique laissant présager une nouvelle baisse des taux d'intérêt de la Banque du Canada mardi prochain.

Statistique Canada a comptabilisé une perte nette de 13 300 emplois en mars. Il s'agissait d'un recul pour un deuxième mois consécutif, qui gonfle à 20 000 (ou

à -0,1 %) le nombre d'emplois perdus depuis le début de l'année. Cette anémie prolongée a fait passer le taux de chômage à 7,5 %, contre 7,4 % en février.

Parmi les points saillants, on souligne que le nombre de travailleurs indépendants s'est replié de 16 600 le mois dernier, ce qui porte à 25 800 le nombre de pertes d'emplois dans ce segment depuis décembre. Aussi, au cours des trois premiers mois de 2004, «une augmentation de 61 000 emplois à temps plein a partiellement contrebalancé une diminution de 81 000 emplois à temps partiel», a renchéri Statistique Canada.

On retient également, au Mouvement Desjardins, que «le taux d'activité est passé de 67,5 à 67,4 %, ce qui demeure historiquement élevé et permettra à la demande intérieure de se maintenir», a fait ressortir l'économiste Joëlle Noreau. À la Banque Royale, l'économiste Derek Holt a plutôt mis en exergue le gain de 7100 postes dans l'emploi manufacturier en mars, un secteur qui demeure cependant «en déficit de 76 000 postes par rapport à son sommet de novembre 2002». Malgré le soubresaut de mars, un réveil de l'emploi dans ce segment n'apparaît toujours pas dans les cartes. «L'ajustement à un dollar canadien élevé forcera les entreprises à investir davantage dans l'achat d'équipement et de machinerie plutôt que dans l'embauche, et ce, afin de réaliser des gains de productivité», a souligné Joëlle Noreau.

Au Québec

Au Québec, l'emploi a peu bougé pour un troisième mois consécutif. Une création de 4500 postes combinée à une baisse de même ampleur de la population active a permis au taux de chômage de passer de 8,8 à 8,6 %. À titre de comparaison, l'emploi a chuté de 25 000 en Ontario, poussant le taux de chômage à 7,1 % là-bas, en hausse de 0,5 point.

Toujours au Québec, «le climat d'incertitude qui règne dans le secteur manufacturier n'est pas étranger à la réduction de 28 800 personnes dans la population active depuis décembre 2003», a noté Joëlle Noreau. L'économiste rappelle également que «l'effet des fermetures annoncées chez Inglis, Denim Swift, Alcan, Noranda, Bauer Nike, CAE et Celestica — pour ne nommer que celles-là — ne s'est pas encore fait sentir». Toutefois, malgré ce sombre portrait, elle retient que, «comme au Canada, le taux d'activité a très légèrement diminué, passant de 65,9 % à 65,8 %, ce qui demeure près du sommet historique atteint en novembre 2003 [66,8 %]».

Ce portrait atonique alimente ce consensus parmi les prévisionnistes voulant que la Banque du Canada abaissera, de 25 points de base, son taux directeur au terme de la réunion du comité monétaire du 13 avril. Il s'agirait d'une troisième baisse depuis le début de l'année, avec un taux cible à un jour devant alors être ramené à 2 %. Avec un taux cible à 1 % aux États-Unis, le rétrécissement pressenti de l'écart vient expliquer le recul de 1,02 ¢US du dollar en première réaction hier.

En fermeture, le dollar canadien s'échangeait à 75,37 ¢US, en baisse de 99 centièmes.

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