Les Québécois risquent d’avoir plus de mal à s’adapter à l’automatisation du travail

HBC a implanté un système de traitement des commandes robotisé à Toronto en novembre 2016.
Photo: Frank Gunn La Presse canadienne HBC a implanté un système de traitement des commandes robotisé à Toronto en novembre 2016.

Les travailleurs québécois ne sont pas plus vulnérables que les autres Canadiens face aux changements technologiques et à l’ascension des robots. Mis à part, peut-être, les plus âgés, révèle le C.D. Howe (en anglais).

Un peu moins de la moitié (45,6 %) des emplois au Québec sont théoriquement exposés à une forme ou l’autre d’automatisation et un peu plus du tiers (34 %) risquent fort d’en faire l’objet un jour ou l’autre, rapporte l’économiste de l’Institut C.D. Howe Rosalie Wyonch, dans une analyse d’une vingtaine de pages dévoilée mardi.

Ces chiffres sont très proches non seulement de la moyenne canadienne (45,1 % et 33,5 %), mais aussi de provinces comme l’Ontario (45,4 % et 33,1 %) et l’Alberta (45,8 % et 33,8 %), un peu moins bons qu’en Colombie-Britannique (43,6 % et 31,4 %) et mieux qu’en Saskatchewan (48,2 % et 39 %).

Dédramatiser la menace

 

Ces chiffres doivent aussi être pris avec prudence, avait expliqué la même auteure le printemps dernier dans une autre étude se penchant sur l’ensemble canadien seulement. L’automatisation potentielle ne se traduira en automatisation réelle que graduellement, et seulement si des conditions favorables, en ce qui concerne la taille de l’entreprise, la pression des concurrents et le coût des machines comparativement à celui de la main-d’oeuvre humaine, sont réunies, avait-elle précisé alors. Elle avait notamment estimé que les secteurs d’activités où l’automatisation présente un risque élevé pour plus de 75 % des employés ne représentent que 310 000 emplois, ou 1,7 % du total au Canada.

Routinières, les tâches les plus susceptibles d’être automatisées se retrouveraient notamment dans l’agriculture et la fabrication manufacturière, mais aussi dans les services, comme les métiers de comptable, de caissier ou de cuisinier, dit-on. À l’inverse, les tâches nécessitant qu’on s’adapte sans cesse, comme celles d’aides soignants, d’enseignant, de gestionnaire ou de travailleur social, seraient peu menacées par les robots et autres ordinateurs.

Le retard québécois

 

Là où le Québec risque de moins bien faire que le reste du Canada, c’est dans la capacité de ses travailleurs d’apprendre à utiliser les nouvelles technologies lorsque celles-ci débarqueront dans leurs milieux de travail ou de se recycler dans un autre secteur d’activité professionnel si un robot leur vole carrément leur emploi, a relevé mardi l’étude du C.D. Howe. Se basant principalement sur leurs résultats plus faibles aux tests en littératie, en numératie et en résolution de problèmes en environnement technologique du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’étude leur attribue ainsi un indice « de préparation » d’à peine 0,49 sur un maximum possible de 1, loin derrière la moyenne canadienne de 0,7 et encore plus loin de l’Ontario (0,91) et de l’Alberta (0,83).

En résumé, note Rosalie Wyonch, « le marché du travail au Québec fait face à un risque plus faible de perturbations [dues à l’automatisation] que la moyenne canadienne, mais la population adulte québécoise affiche des compétences fondamentales moyennes ».

L’étude du C.D. Howe ne cherche pas à approfondir la nature ou la cause de la moins bonne performance du Québec aux tests du PEICA. Le phénomène est connu et évoqué de temps à autre lorsqu’il est question, notamment, du problème de l’analphabétisme fonctionnel.

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a procédé, il y a un peu plus de deux ans, à une analyse détaillée des résultats québécois. On y constatait que le retard du Québec sur le reste du Canada est essentiellement le fait des personnes de 45 ans et plus.

De nombreux experts ont déjà expliqué qu’il faut y voir un passif attribuable à un contexte social et culturel appartenant désormais au passé et qui s’efface tranquillement à mesure que des plus jeunes remplacent les plus vieux.

Les données analysées par l’ISQ tendent à corroborer cette version. Près de 33 % des Québécois y rapportaient, par exemple, que leurs parents avaient eu une scolarité inférieure au diplôme secondaire, contre une moyenne de 22 % dans le reste du Canada.

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