Quand un gestionnaire dans l'âme veut simplifier les rénos

La compagnie de Michel Jodoin a traité plus de 40 000 projets de rénovation.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir La compagnie de Michel Jodoin a traité plus de 40 000 projets de rénovation.

Le Québec regorge d’entrepreneurs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnaires, dont les ambitions pourraient transformer votre quotidien. Aujourd’hui, un gestionnaire dans l’âme qui veut faciliter vos prochains travaux de rénovation.

En 2011, Michel Jodoin est sur un nuage. Le succès de ses entreprises de lavage de vitre et de peinture lui a permis d’accumuler près de 100 000 $ et il a plusieurs projets en tête. Il investit dans une pizzeria, achète un condo et fonde une compagnie de voyage pour étudiants. Un an plus tard, il frappe un mur.

« Tout ce qu’il me restait, c’était un sac de monnaie, raconte-t-il sans rire. J’avais mon condo, mais je n’avais plus d’argent liquide et ma carte de crédit était remplie. J’étais complètement à sec. »

Il avait pourtant eu du succès pendant des années. Après avoir acheté sa première franchise cinq ans plus tôt, à 18 ans, il a rapidement fait grimper son chiffre d’affaires et géré jusqu’à une trentaine d’employés. Mais en 2013, il se retrouve à la croisée des chemins.

« Lorsque je rencontrais des clients, ils me demandaient souvent si je connaissais un paysagiste, un couvreur ou n’importe quel autre spécialiste. Avant, je disais non, mais j’ai compris que je pouvais facilement récupérer les noms des clients et les vendre aux entrepreneurs intéressés. »

Prêt à voler de ses propres ailes, il décide de créer une deuxième compagnie, dont la mission est cette fois de mettre en contact clients et entrepreneurs. Mais comme il le réalisera rapidement, la route vers le succès est parfois sinueuse.

 

Trouver la bonne recette

 

En 2014, il lance son entreprise en faisant ce qu’il a toujours fait. Il se met à faire du porte-à-porte et recueille les noms de clients potentiels en espérant les jumeler aux bons entrepreneurs. « Ça a été un flop, affirme-t-il sans détour. On a fait 45 000 $ de revenus et 35 000 $ de pertes. »

L’année suivante, il emprunte de l’argent et migre sur Internet. SoumissionRénovation.ca voit le jour. « À ce moment-là, c’est un do or die. Si ça ne fonctionne pas, je vends mon condo et je retourne vivre chez ma mère. Je l’aime bien, mais je ne voulais pas ça. »

Le service offert par l’entreprise est désormais clair. En détaillant leur projet de rénovation sur le site Internet, les clients obtiennent jusqu’à quatre soumissions d’entrepreneurs qualifiés en l’espace de quarante-huit heures. Le tout gratuitement.

Changement de cap

 

En 2015, Michel parvient à sortir la tête de l’eau, réalisant un maigre profit de 700 $, mais il sait qu’il doit en faire plus. Il décide donc de changer de modèle d’affaires : plutôt que de réclamer une commission aux entrepreneurs qui décrochent des contrats, son entreprise impose plutôt des frais fixes d’environ 20 $ à tous les entrepreneurs qui souhaitent être recommandés pour un projet de rénovation.

« On fait donc beaucoup moins d’argent par projet, mais on mise sur le volume, explique le président de la compagnie. Les entrepreneurs sont contents parce qu’ils peuvent obtenir des contrats sans que ça leur coûte la peau des fesses et les clients ne paient pas de frais cachés de 10 % que l’entrepreneur leur impose pour compenser la commission. »

SoumissionRénovation.ca s’assure que les entrepreneurs qu’elle recommande ont un permis de la Régie du bâtiment du Québec, vérifie leurs antécédents judiciaires et permet aux clients de les évaluer.

Après quatre ans de travail, Michel semble donc avoir trouvé la recette gagnante. Sa compagnie a jusqu’à maintenant traité plus 40 000 projets et bâti un réseau de plus de 5500 entrepreneurs.

Multiplier les possibilités

 

SoumissionRénovation.ca offre désormais ses services au Québec, en Ontario, en Nouvelle-Écosse et en Alberta. Au cours des prochaines années, Michel Jodoin souhaite conquérir le reste du Canada, mais également profiter des possibilités offertes par sa plateforme pour attaquer d’autres secteurs.

C’est par exemple ce qu’il a fait avec son ami Mathieu Plante en lançant B2BQuotes.com, une plateforme quasi identique à celle consacrée à la rénovation qui permet aux entreprises de trouver un fournisseur de services marketing. Il regarde également du côté de l’immobilier, de l’événementiel ou encore du marché de l’automobile.

Plus le temps passe, plus il s’éloigne de ses années passées à gérer des laveurs de vitres, des peintres et des téléphonistes, mais également les attentes des clients. Des années qui lui ont beaucoup appris, mais dont il ne s’ennuie pas du tout. « Jamais je ne retournerais en arrière. »
 

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