ExxonMobil s’engage à plus de transparence sur les changements climatiques

Cinq mois après avoir renouvelé sa résistance aux actionnaires l’incitant à plus de transparence sur les changements climatiques, ExxonMobil change d’avis : la superpétrolière évaluera publiquement l’impact que les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre pourraient avoir sur elle.
Dans un document soumis aux autorités réglementaires américaines, ExxonMobil, qui appuie l’accord découlant de la conférence de Paris, affirme qu’elle tiendra compte des variations dans la demande d’énergie, des « enjeux d’un scénario à deux degrés Celsius » et d’un « positionnement en vue d’un avenir plus sobre en carbone ».
Le geste découle d’une proposition lancée lors de la dernière assemblée des actionnaires annuelle, tenue au mois de mai, par le New York State Common Retirement Fund et l’Église d’Angleterre. Au final, 62 % des actionnaires s’étaient prononcés pour, un mouvement beaucoup plus vaste que le pointage de 38 % observé en 2016.
« En reconsidérant la proposition, la compagnie a fait appel aux avis d’un certain nombre de parties, tels les promoteurs et les actionnaires principaux », a écrit lundi soir la direction d’ExxonMobil en promettant d’ajouter ces nouveaux éléments à ses rapports de gouvernance « dans un avenir proche ».
Selon le bureau du contrôleur de l’État de New York, ExxonMobil a été approchée une première fois à ce sujet en décembre 2015. Au début 2016, l’entreprise s’était tournée vers la Securities and Exchange Commission (SEC) pour obtenir le droit d’ignorer cette proposition en assemblée. La SEC avait refusé. « Je suis ravi qu’Exxon accepte d’entreprendre cette analyse importante, a affirmé mardi le contrôleur, Thomas DiNapoli. La décision démontre que les investisseurs peuvent rendre les entreprises responsables et les convaincre d’aborder nos préoccupations au sujet des changements climatiques. »
Depuis quelques années, de multiples voix ont évoqué le risque financier associé aux changements climatiques, plus particulièrement le risque lié aux entreprises du secteur des hydrocarbures. Cette préoccupation circule notamment à la Banque mondiale et au sein du Conseil de stabilité financière créé par le G20. Ce souci est lié au fait que les entreprises seront peut-être obligées de laisser des actifs dans le sol — des « actifs bloqués » —, car leur extraction ne serait pas rentable et souhaitée.
Nouvelle coalition
La décision d’ExxonMobil survient au moment où une coalition de 225 investisseurs entend mettre de la pression sur les grands émetteurs du monde pour qu’ils réduisent leurs émissions et renforcent leur gouvernance en matière de changements climatiques. Le groupe Climate 100+, dont les membres gèrent des actifs totalisant 26 300 milliards, ciblera en premier les entreprises pétrolières et gazières, de production d’électricité et celles du secteur du transport.
La liste des 100 entreprises visées comprend Airbus, BP, Chevron, ExxonMobil, General Electric, Nestlé, Rio Tinto, Dow Chemical, Toyota et Valero.
À la lecture du manifeste, il est clair que les divers investisseurs qui composent le groupe n’entendent pas liquider leurs actifs jugés plus à risque, un geste que des groupes écologistes demandent souvent mais que les investisseurs refusent, privilégiant le dialogue.
Parmi les investisseurs canadiens qui font partie des signataires initiaux figurent la Caisse de dépôt et placement du Québec, la firme montréalaise Addenda Capital, Placements NEI (détenue à 50 % par le Mouvement Desjardins), la Banque de Montréal, la firme d’engagement actionnarial Aequo, la British Columbia Investment Management Corporation et la Nova Scotia Pension Services Corporation.