Leitão annoncera des baisses d’impôt lors de la mise à jour économique

Carlos Leitão profitera de la mise à jour économique du Québec pour annoncer des baisses d’impôt pour les particuliers, les sommes qui seront allouées à la prochaine stratégie de lutte contre la pauvreté et vraisemblablement des hausses de dépenses en éducation et en santé.
À moins d’un an de la tenue des prochaines élections générales au Québec, le ministre des Finances du gouvernement libéral voit la vigueur de la croissance économique et de l’emploi grossir les revenus de l’État. Aux dernières nouvelles, les coffres du gouvernement québécois montraient un surplus de 2,6 milliards après seulement cinq mois de l’exercice 2017-2018, et cela, sans tenir compte des quelque 850 millions versés en plus au Fonds des générations.
Carlos Leitão a déjà indiqué, la semaine dernière, qu’il réservait pour l’occasion un « important allégement fiscal » pour les contribuables québécois sans toutefois en préciser le montant. Différents médias disant avoir des sources fiables ont rapporté que ces baisses d’impôt s’élèveront à un total de 1 milliard et s’appliqueront dès le début de l’an prochain.
Le ministre des Finances a aussi dit, la semaine dernière, qu’il entendait faire le point sur le financement de la future stratégie de lutte contre la pauvreté que son collègue à l’Emploi et à la Solidarité sociale, François Blais, doit dévoiler avant Noël.
Le mois dernier, le premier ministre, Philippe Couillard, avait également fait savoir que les surplus budgétaires allaient être prudemment estimés et que leur réinvestissement serait partagé entre les baisses d’impôt et de nouvelles dépenses dans des missions « essentielles » comme l’éducation, la santé et la nouvelle économie.
Dans le dernier budget, une hausse du plancher de revenus à partir duquel chaque contribuable doit normalement payer des impôts, et dont le coût pour le gouvernement avait été estimé à 270 millions, s’était traduite par une baisse d’impôt générale de 55 $ par année pour tous les contribuables. Sur cette base, on pourrait déduire qu’une diminution générale de l’impôt des particuliers de 1 milliard se traduirait par une baisse d’impôt d’un peu plus de 200 $ (203,70 $) par contribuable.
L’augmentation des surplus du gouvernement ne tient pas à des dépenses prévues qu’on n’aurait pas eu à faire, mais bien à une hausse des revenus qui découle d’une conjoncture économique plus favorable qu’anticipé dans le dernier budget, au Québec comme dans le reste du Canada et l’économie mondiale. La dernière mesure de l’activité économique affichait un rythme de croissance annuelle de 2,5 % au Québec au deuxième trimestre, réduisant le taux de chômage à un modeste 6,1 % en octobre contre 6,3 % au Canada.
« Cette croissance est saine et vient des dépenses des consommateurs et des investissements des entreprises qui ont confiance en l’avenir », a expliqué lundi en entretien téléphonique au Devoir Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins.
Évidemment, cette vigueur économique inattendue tient essentiellement à une conjoncture favorable, ici comme ailleurs, bien plus qu’à un changement fondamental qui serait survenu dans l’économie québécoise depuis la présentation du dernier budget du gouvernement au mois de mars. Cela ne signifie pas pour autant que le gouvernement ne devrait pas utiliser ses surplus, surtout qu’il continue de se garder toutes sortes de coussins financiers sous la forme, notamment, d’une provision pour éventualités d’une centaine de millions dans chaque budget et d’une réserve de stabilité dans laquelle il verse ses surplus budgétaires et qui s’élève aujourd’hui à presque 2,5 milliards.
L’idée d’allouer une partie des surplus du gouvernement à des baisses d’impôt plaît beaucoup aux économistes des institutions financières québécoises. « Le Québec est l’un des endroits où le fardeau fiscal des particuliers est le plus élevé en Amérique du Nord, rappelle Benoit P. Durocher. Il est vrai qu’on y offre aussi plus de services publics, mais il y a une limite à l’écart qu’on peut avoir en terme de compétitivité fiscale à ce chapitre, surtout quand on est aux prises avec un problème de rareté de main-d’oeuvre. Les nouvelles générations de travailleurs sont plus mobiles aujourd’hui. » La position relative du Québec en ce qui a trait à la fiscalité des entreprises lui apparaît moins problématique.
Quant aux dépenses gouvernementales auxquelles devrait être consacrée l’autre partie des surplus, « cela tient moins de la théorie économique que d’une question de priorités politiques », concède l'économiste.