La cimenterie McInnis est persuadée qu’elle va trouver des clients pour toute sa production

Contrairement à ce qui avait été avancé au moment du développement du projet, Ciment McInnis ne cible pas en priorité l’exportation de sa production vers les États-Unis.
Photo: Source Ciment McInnis Contrairement à ce qui avait été avancé au moment du développement du projet, Ciment McInnis ne cible pas en priorité l’exportation de sa production vers les États-Unis.

La cimenterie McInnis, construite grâce à des investissements de plus de 1,5 milliard de dollars, dit être sur la bonne voie pour la mise en marché de sa production. L’entreprise refuse toutefois de confirmer si elle a des ententes formelles avec des clients pour l’achat de la totalité du ciment qu’elle produit à ses installations de Port-Daniel, en Gaspésie.

Selon ce qu’a précisé au Devoir la directrice des communications, Maryse Tremblay, la cimenterie inaugurée lundi en présence du premier ministre Philippe Couillard doit atteindre sa capacité de production annuelle de 2,2 millions de tonnes d’ici 18 à 24 mois.

« Actuellement, l’usine tourne à environ 75 % de sa capacité et le produit fabriqué est vendu à nos clients. La croissance de nos ventes depuis le début de notre commercialisation dépasse nos prévisions », a simplement répondu Mme Tremblay.

L’entreprise dit travailler au développement de son réseau de terminaux, afin d’approvisionner de futurs acheteurs de ciment. Du côté américain, un terminal situé à Providence est déjà en place, tandis qu’un autre dans le Bronx, à New York, « est actuellement en construction ». Au Canada, un terminal est situé au sud de Montréal et un autre à Oshawa. D’autres projets doivent permettre de desservir les marchés des provinces de l’Atlantique.

« Buy America »

Par ailleurs, contrairement à ce qui avait été avancé au moment du développement du projet, Ciment McInnis ne cible pas en priorité l’exportation de sa production vers les États-Unis. « Nos marchés sont répartis des deux côtés de la frontière : Québec, Ontario, Atlantique et le nord-est des États-Unis, a expliqué Mme Tremblay. Notre production est répartie assez équitablement entre les deux pays, potentiellement un peu plus du côté américain. »

Ciment McInnis ne craint pas pour autant les mesures protectionnistes américaines, dont le « Buy America ». « Il s’agit d’une mesure protectionniste beaucoup plus large, qui ne vise pas McInnis directement et qui ne poserait aucun problème à notre plan d’affaires si elle entrait en vigueur », selon ce qu’a indiqué Mme Tremblay.

La cimenterie s'additionne aux projets financés par les fonds publics au détriment de l'environnement

 

En interpellant Philippe Couillard au cours de la période des questions à l’Assemblée nationale mardi, la députée de Québec solidaire Manon Massé a par ailleurs dénoncé les « risques » financiers du projet, mais aussi ses impacts environnementaux. « Tout comme l’exploitation pétrolière sur Anticosti, la cimenterie s’additionne aux projets financés par les fonds publics au détriment de l’environnement et de nos régions », a-t-elle soutenu.

M. Couillard a répliqué que la cimenterie est accueillie « avec enthousiasme par les travailleurs et la population de la Gaspésie », ajoutant que les perspectives économiques de l’usine lui semblent favorables.

Le premier ministre a toutefois reconnu que la question des émissions de gaz à effet de serre est assurément « un enjeu » pour la cimenterie, qui sera le plus gros pollueur industriel du Québec. Ces émissions, évaluées à 1,76 million de tonnes annuellement, équivalent à l’ajout de plus de 510 000 véhicules sur les routes du Québec.

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