Les élus américains s’entendent pour accélérer le déploiement de voitures autonomes

Des employés d’Uber testaient un véhicule autonome l’été dernier, à Pittsburgh.
Photo: Jared Wickerham Associated Press Des employés d’Uber testaient un véhicule autonome l’été dernier, à Pittsburgh.

Les élus américains de la Chambre des représentants ont unanimement adopté mercredi un projet de loi favorisant le déploiement de voitures autonomes sur les routes des États-Unis. Cette première pièce législative d’envergure liée à l’automatisation des véhicules, qui doit maintenant être approuvée par le Sénat, pourrait servir d’exemple pour le gouvernement canadien.

Républicains et démocrates ont mis de côté leurs différends habituels en donnant leur aval à un projet de loi qui doit faciliter la mise en service de véhicules munis de systèmes de conduite autonome par des compagnies comme Google, Uber ou Ford.

Si la pièce législative est adoptée par le Sénat dans sa forme actuelle, elle permettra aux entreprises technologiques et aux constructeurs d’obtenir des exemptions aux normes de sécurité fédérales pour déployer un maximum de 25 000 véhicules autonomes dans la première année, et jusqu’à 100 000 voitures par an après trois ans.

En bref, le projet de loi prévoit que les États sont toujours responsables de l’enregistrement des véhicules, mais qu’ils ne peuvent légiférer sur la manière avec laquelle ils sont conçus. Grâce à cette nouvelle loi fédérale, les compagnies pourraient donc tester plus facilement de nouvelles technologies, sans faire face à l’opposition de certains États.

Technologies mises à l’épreuve

« Ce projet de loi va inciter les constructeurs à introduire sur le marché de nouvelles technologies, mais il va aussi contribuer à rassurer la population en général, qui n’a pas une bonne connaissance des développements technologiques », souligne le directeur du Laboratoire sur l’intelligence véhiculaire de l’Université de Sherbrooke, Denis Gingras.

En permettant aux géants technologiques et aux constructeurs d’accélérer le déploiement de leurs véhicules sur les routes, Washington leur permettrait surtout de mettre à l’épreuve les technologies dans des situations de conduite réelles, dit-il.

Le spécialiste précise que le projet de loi parle de « voitures autonomes », mais que l’autonomie des voitures est pour l’instant limitée. Les systèmes d’aide à la conduite se multiplient, mais la commercialisation d’une voiture complètement autonome ne nécessitant aucune intervention humaine ne se produira pas avant 25 ou 30 ans, juge-t-il.

Ottawa observe

 

Le projet de loi adopté mercredi par la Chambre des représentants fait suite aux lignes directrices présentées il y a un an par le gouvernement du président Barack Obama. Celles-ci décrivaient les orientations des autorités américaines et mettaient la table pour l’adoption de nouvelles lois par Washington ou les différents États.

Pendant que le gouvernement américain se prépare tranquillement à l’arrivée des voitures autonomes, Ottawa joue pour l’instant le rôle d’observateur, note Denis Gingras. « Il va y avoir un déphasage. Le Canada va regarder comment ça se déroule aux États-Unis et il va peut-être aller de l’avant avec une législation. À long terme, on n’aura pas le choix de toute façon », affirme-t-il.

Jusqu’à maintenant, le gouvernement canadien s’est contenté de financer différents travaux de recherche liés aux véhicules autonomes.

Secteur sous surveillance

 

Au moment d’écrire ces lignes, Transport Canada n’avait pas réagi au nouveau projet de loi américain. À la suite du dévoilement des lignes directrices du gouvernement Obama, la porte-parole Natasha Gauthier avait cependant indiqué que « de nouvelles exigences fédérales en matière de sécurité pourraient être requises au fur et à mesure que les véhicules deviennent plus autonomes ».

« Il sera important que les diverses autorités du Canada collaborent pour veiller à l’application d’une approche uniforme à l’échelle nationale en ce qui concerne l’utilisation de véhicules autonomes et communicants », avait-elle ajouté.

Ottawa attend par ailleurs les conclusions du Comité sénatorial des transports et des communications, qui étudie actuellement différents enjeux liés aux voitures autonomes. Son rapport, qui devait d’abord être publié en mars, est attendu d’ici la fin de l’année.

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