Travailleurs en mouvement

Le Québec regorge d’entrepreneurs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnaires, dont les ambitions pourraient transformer votre quotidien. Aujourd’hui, un athlète autodidacte qui veut faire bouger ses clients de 8 h à 17 h.
Après cinq saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, les joueurs qui n’accèdent pas à la Ligue nationale peuvent prendre plusieurs années à trouver leur voie. Mais pas Samuel Finn.
À 26 ans, cet ancien défenseur des Tigres de Victoriaville a déjà créé deux entreprises, fait du mannequinat, enseigné le hockey au Japon et géré une franchise de noix.
« J’adore les défis. Travailler de 8 h à 17 h de manière typique, ça ne m’intéresse pas vraiment, raconte-t-il. Après le hockey, je sentais que j’allais apprendre beaucoup plus en vivant mes propres expériences. »
Il a 21 ans lorsqu’il lance une première compagnie, qui offre des entraînements personnalisés en ligne. « Quand j’ai démarré cette entreprise-là, ce n’était pas pour faire de l’argent ou bâtir quelque chose de gros. C’était surtout pour apprendre », dit-il.
Au même moment, il décide de s’occuper d’une des succursales d’Arachides dépôt, où il apprend à gérer des employés pour la première fois.
Pendant plusieurs mois, il consacre ses énergies à la boutique pendant le jour, produit des vidéos d’entraînement le soir et participe à des séances photos quand il trouve le temps, pour financer ses expériences entrepreneuriales.
Sans le savoir, il accumule alors l’expérience qui le portera à la tête d’Ergonofis, une entreprise de bureaux ajustables qui veut conquérir le monde.
Cibler les travailleurs
« Avec mon entreprise d’entraînement en ligne, je me retrouvais à faire beaucoup de travail de bureau. C’était impossible que je travaille assis, parce que je sais ce que ça peut faire à la santé. J’ai donc mis mes pneus d’hiver en dessous de mon bureau », se rappelle-t-il.
« J’ai réalisé que les clients de mon site aimaient bouger, mais qu’ils n’étaient pas conscients de la manière avec laquelle ils étaient assis toute la journée. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je pourrais avoir un plus gros impact au bureau, où on passe une grande partie de notre vie. »
En juillet 2015, il se met à distribuer les produits d’une entreprise californienne qui fabrique des bureaux à hauteur ajustable en mélamine. Il acquiert de l’expérience, se familiarise avec les composantes et effectue différents tests, pour finalement commercialiser les premiers bureaux Ergonofis en septembre 2016.
« On a mis une belle surface en bois sur une base ajustable et on a tout de suite vu la réponse du marché, affirme-t-il. C’est là qu’on a su qu’il y avait un intérêt immense pour un produit de grande qualité. »
Miser sur le design
Les bureaux ajustables ne sont pas nouveaux sur le marché. Ils sont vendus depuis déjà plusieurs années en Europe et sont de plus en plus populaires en Amérique du Nord. Mais Samuel affirme que la qualité des produits est inégale.
Ergonofis veut se démarquer en offrant des bureaux qui se distinguent par leur qualité et leur design. Chaque table munie d’un écran tactile pour ajuster la hauteur peut supporter jusqu’à 130 kg. Les surfaces de bois massif sont fabriquées à partir d’essences locales et l’entreprise s’engage à planter trois arbres pour chaque bureau vendu.
« Lorsque les gens viennent essayer le produit, notre taux de conversion est presque de 100 %. Quand les gens touchent le bois et essaient la technologie, ils tombent en amour », lance l’entrepreneur.
Jusqu’à maintenant, près de 400 bureaux Ergonofis ont trouvé preneurs. « On vend déjà partout en Amérique du Nord. On a même vendu en Europe, à des clients qui nous harcelaient pour acheter », glisse-t-il, lui-même surpris de charmer des clients que son entreprise n’a pas encore tenté d’attirer.
À chacun son bureau
Ergonofis espère s’imposer à mesure que les travailleurs découvriront les bienfaits d’une position de travail variable, démontrés par de nombreuses études. Plusieurs publications évoquent notamment une diminution des maux de dos et une augmentation de la productivité.
« Pour moi, c’est inconcevable qu’on travaille encore avec des bureaux fixes, avec une seule hauteur, alors que tout dans notre vie peut être ajusté pour nous. On ne devrait pas s’adapter à notre bureau, c’est notre bureau qui devrait s’ajuster à nous », souligne le cofondateur.
Il précise que le secret est dans l’équilibre : il n’est pas souhaitable de travailler toute la journée debout, mais plutôt d’alterner entre les différentes positions.
Samuel, lui, travaille surtout debout, et après avoir exploré pendant des années les occasions d’affaires offertes à gauche et à droite, il ne veut plus bouger. Avec Ergonofis, il assure avoir trouvé un défi à sa hauteur.
