Un comité qui ne laisse pas de traces

Depuis sa création l’automne dernier par le gouvernement Couillard, le Conseil consultatif sur l’économie et l’innovation, principalement composé de gens d’affaires bénévoles, mais doté d’un budget de 1,7 million de dollars, n’a laissé aucune trace de ses nombreuses rencontres, a appris Le Devoir.
Ce comité présidé par l’ex-présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, avait été annoncé en octobre dernier par le premier ministre Philippe Couillard. Il regroupe 31 personnalités du milieu des affaires, de la finance et du monde universitaire qui ont le mandat de formuler des recommandations « sur l’accroissement de l’innovation, de la recherche et de la compétitivité des entreprises ».
Le conseil consultatif s’est réuni une première fois le 4 novembre 2016. Depuis, « plusieurs dizaines » de rencontres regroupant tous les membres ou concernant des thématiques précises ont été organisées, indique Investissement Québec en réponse à une demande d’accès à l’information.
Or, il n’est pas possible de connaître la nature des discussions qui ont eu lieu lors de ces rencontres, puisqu’elles « n’ont pas été structurées avec des procès-verbaux ». « Une approche interactive a plutôt été privilégiée », souligne Investissement Québec.
Le conseil consultatif doit remettre un rapport préliminaire à l’automne et terminer ses travaux d’ici la fin de l’année 2017, pour ensuite déposer un rapport final.
Budget de fonctionnement
Les membres du comité ont accepté d’y participer de manière bénévole, mais le conseil consultatif est malgré tout doté d’un budget de fonctionnement de 1 768 500 $.
Cette somme sert essentiellement à payer les trois employés embauchés pour soutenir les membres du conseil, la rédaction de rapports ou d’études et la nourriture consommée lors des rencontres, a expliqué la porte-parole d’Investissement Québec, Chantal Corbeil, au Journal de Montréal en avril dernier. Mme Corbeil n’avait pas répondu à nos questions au moment d’écrire ces lignes.
Après cinq mois d’activités, le comité avait dépensé 200 000 $. Il n’a pas été possible d’obtenir une estimation plus à jour vendredi. Au cours des derniers mois, le gouvernement Couillard a établi ses priorités en dévoilant de nouvelles stratégies concernant les exportations, le manufacturier innovant ou encore la recherche et l’innovation. À quoi pourront donc servir les recommandations du conseil consultatif ?
« Les stratégies qu’on déploie ne doivent pas être statiques. Si le comité arrive avec une superbe idée à l’automne qui mérite réflexion, il va falloir qu’on se penche là-dessus », a rétorqué la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, le mois dernier en entrevue au Devoir.
« Déjà, le comité s’est penché sur un certain nombre de questions, notamment la recherche et l’innovation. Avant le budget [déposé en mars], le comité nous a fait part de tous ses commentaires pour qu’on puisse en intégrer un certain nombre », avait-elle ajouté.