La transition vers les énergies renouvelables n’est pas assez forte, conclut un rapport international

Même si les énergies renouvelables continuent d’afficher une solide croissance, les investissements dans ce secteur ont reculé en 2016 à l’échelle de la planète. Les efforts actuels sont d’ailleurs nettement insuffisants pour lutter efficacement contre les bouleversements climatiques, notamment dans le très polluant secteur des transports.
« La transition énergétique ne se produit pas suffisamment vite pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris », prévient ainsi globalement le Rapport sur le statut mondial des énergies renouvelables, publié mercredi à partir de données provenant de plus de 700 experts, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l’environnement.
Selon les termes de l’accord signé par 195 États, la communauté internationale s’engage à réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement mondial sous la barre des 2 °C. L’atteinte de cet objectif passe inévitablement par une forte croissance soutenue du secteur des énergies renouvelables, en lieu et place des énergies fossiles sur lesquelles s’est appuyé jusqu’ici l’essentiel de la consommation énergétique mondiale.
Cette croissance est d’ailleurs clairement au rendez-vous puisque la planète a battu un « nouveau record » en 2016, selon ce qu’on peut lire dans le rapport. Au cours de l’année, la capacité des nouvelles installations d’énergies renouvelables a ainsi atteint 161 gigawatts (GW) — pour un total mondial qui dépasse maintenant les 2000 GW —, soit une croissance de près de 9 % par rapport à 2015. À titre de comparaison, ces 161 GW équivalent à un peu plus de 100 fois la capacité totale du complexe de la rivière Romaine.
Le solaire photovoltaïque, de moins en moins coûteux, compte pour 47 % de ces capacités énergétiques additionnelles, suivi de l’éolien, à 34 %, puis de l’hydroélectricité, à 15,5 %. La Chine, historiquement dépendante du charbon, est à elle seule responsable de près de la moitié de l’augmentation de la capacité de production d’énergie solaire, contre 40 % pour l’énergie éolienne.
Transition trop faible
Malgré cette croissance qui se poursuit, le rapport constate que la transition en cours n’est pas assez significative pour placer la planète sur la trajectoire souhaitée dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
« Bien que le total des investissements mondiaux dans des nouvelles capacités de production renouvelable représente environ le double de ceux du secteur des énergies fossiles, les investissements dans des nouvelles installations d’énergies renouvelables ont chuté de 23 % par rapport à 2015 », soulignent les auteurs de ce bilan publié chaque année depuis 2005.
Parmi les pays émergents et les pays en développement, les investissements dans les énergies renouvelables ont chuté de 30 %, atteignant « seulement » 116,6 milliards de dollars, tandis que dans les pays développés ils ont chuté de 14 %, pour atteindre « seulement » 125 milliards de dollars.
Qui plus est, des secteurs cruciaux comme celui des transports « sont encore à la traîne par rapport au secteur de l’électricité ». « La décarbonisation du transport, basée sur les énergies renouvelables, n’est encore ni sérieusement envisagée ni une priorité », déplore le rapport. Certes, le nombre de voitures électriques augmente, mais le réseau de branchement est toujours inadéquat et n’est pas systématiquement alimenté par des sources renouvelables.
Subventions aux fossiles
Enfin, les auteurs réaffirment la nécessité de mettre un terme aux subventions aux énergies fossiles, considérées comme « un frein au progrès ». Ces fonds publics consacrés aux énergies fossiles et au secteur nucléaire « excèdent largement » ceux consacrés aux énergies renouvelables. Au Canada, les subventions fédérales au secteur pétrolier et gazier atteignent plus de 1,8 milliard de dollars chaque année, selon Équiterre.
« La transition vers les énergies renouvelables ne pourra pas être arrêtée, mais il faudra accélérer sa cadence pour éviter une augmentation des événements extrêmes, comme les inondations et les incendies de forêt, et limiter les coûts sociaux, économiques et environnementaux qu’ils engendrent », a souligné mercredi le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin.
« Parmi les priorités pour le Canada, a-t-il ajouté, il faudra accélérer la fermeture des centrales au charbon, arrêter l’expansion de la production de pétrole et de gaz, abolir les 3 milliards de subventions annuelles destinées aux combustibles fossiles et favoriser les énergies renouvelables, les transports collectifs et l’électrification des transports. »