Northern Pass: Hydro-Québec rejette le tracé souterrain

Hydro-Québec a une nouvelle fois rejeté mercredi la possibilité d’enfouir une portion de la ligne Québec-New Hampshire pour protéger ce que les groupes environnementaux considèrent comme l’« un des derniers massifs forestiers protégés » dans le sud du Québec.
La société d’État a dévoilé mercredi un rapport d’analyse indiquant qu’elle écarte le scénario proposé par l’organisme Forêt Hereford. « Hydro-Québec estime que l’option aérienne du côté ouest du mont Hereford demeure celle qui satisfait au plus grand nombre de critères économiques, techniques et environnementaux », indique-t-on dans le document.
La portion sud de la ligne Québec-New Hamphire, longue d’environ 18 km, constitue la portion québécoise du projet Northern Pass. Elle soulève la controverse puisqu’elle doit traverser un massif forestier protégé couvrant une superficie de 53 km2.

Tracés à l’étude
Hydro-Québec avait déjà étudié un tracé aérien et un tracé souterrain qui longerait les voies publiques à l’est du mont Hereford. Elle avait finalement privilégié l’option aérienne, en évoquant notamment des coûts d’enfouissement élevés.
Dans son rapport sur le projet rendu public en février dernier, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a cependant demandé à Hydro-Québec de « réévaluer de manière plus détaillée la possibilité d’enfouir la ligne dans la portion sud avant une éventuelle autorisation du projet par le gouvernement du Québec ».
L’organisme Forêt Hereford a par la suite proposé un tracé souterrain « de compromis » longeant les chemins forestiers. Hydro-Québec reconnaît que cette option coûterait environ 5 millions de dollars de moins que le tracé souterrain longeant les voies publiques. Elle précise toutefois que ce tracé coûterait près de 60 millions de dollars de plus que l’option aérienne, pour une ligne qui aurait une durée de vie deux fois plus courte. Le coût total de la ligne Québec-New Hampshire est estimé à 2,7 milliards de dollars.
Dans son argumentaire, Hydro-Québec souligne également que le tracé aérien comprend des mesures d’atténuation et qu’il est moins dommageable pour les milieux humides que le tracé souterrain proposé.
« Contextes différents »
Hydro-Québec rejette donc l’enfouissement, alors que son partenaire américain, Eversource, a accepté d’enfouir la portion du projet Northern Pass devant passer sur le territoire des montagnes Blanches. « Ce sont deux projets et deux contextes différents, fait valoir la porte-parole de la société d’État Lynn St-Laurent. Du côté américain, on retrouve une entreprise privée, dans un marché où les tarifs d’électricité sont nettement plus élevés. De ce côté-ci de la frontière, on est une société d’État qui a notamment pour mandat de maintenir la hausse tarifaire en deçà de l’inflation. »
Mme St-Laurent indique par ailleurs qu’Hydro-Québec pourrait compenser les pertes provoquées par le passage de la future ligne, sans donner de détails.
La décision d’Hydro-Québec a fait rager la coalition SOS mont Hereford, qui organisait au même moment à Montréal une table ronde au sujet du projet Northern Pass.
« Hydro-Québec sait qu’il existe d’autres options, dont le contournement et l’enfouissement. C’est d’ailleurs cette dernière option qui a été retenue sur 100 km dans la portion américaine de la ligne. Malheureusement, au Québec, Hydro y va pour une solution simpliste : détruire et compenser par la suite », a déploré la biologiste et administratrice de l’organisme Deux pays, une forêt, Louise Gratton.
Refaire ses devoirs
Le porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie et de ressources naturelles, Sylvain Rochon, soutient depuis plusieurs semaines qu’il vaut mieux payer quelques dizaines de millions de plus pour protéger le massif forestier. Il juge que le rapport produit par Hydro-Québec est « très sommaire » et ne reflète pas le statut particulier de la forêt Hereford.
« Je pense qu’Hydro-Québec doit retourner faire ses devoirs plus consciencieusement, nous offrir quelque chose de moins sommaire et, surtout, approcher ce dossier-là comme un dossier unique », affirme-t-il.
La publication de l’analyse d’Hydro-Québec permet à la société d’État de franchir un pas de plus vers l’approbation du projet de ligne d’interconnexion. Au cabinet du ministre de l’Énergie, Pierre Arcand, on indique cependant que « différentes étapes demeurent à franchir avant que l’autorisation finale […] puisse être délivrée ». Le projet doit également obtenir l’autorisation de l’Office national de l’énergie.