Les vents sont de nouveau favorables aux groupes miniers

Des mineurs sortent d’un puits de la mine d’étain San José, près d’Oruro, en Bolivie.
Photo: Aizar Raldes Agence France-Presse Des mineurs sortent d’un puits de la mine d’étain San José, près d’Oruro, en Bolivie.

Grâce à l’envolée de l’immobilier en Chine, ajoutée aux espoirs de grands projets d’infrastructures aux États-Unis et en Inde, le secteur minier se redresse et les géants des matières premières engrangent des bénéfices considérables, expliquent les analystes.


Le ralentissement économique, en particulier en Chine, premier consommateur de métaux au monde, couplé à la surabondance de l’offre, a fait plonger les cours ces dernières années. Ce qui s’était traduit par des faillites ou des coupes sombres dans les effectifs et les investissements. Mais Pékin se redécouvre un appétit pour les métaux et l’économie chinoise présente des signes de stabilisation. L’optimisme est de retour même s’il est tempéré par les craintes que la reprise ne fasse pas long feu.


« La plupart des groupes miniers vont réaliser de très bons résultats, les meilleurs depuis des années », a déclaré à l’AFP Daniel Morgan, analyste chez UBS. « Leurs coûts sont réduits et, souvent, ils en sont aux investissements de maintien plutôt qu’aux investissements de croissance. Ils vont engranger de l’argent et améliorer leur bilan comptable. »


L’exemple du fer


Le minerai de fer, qui entre dans la composition de l’acier, est un bon exemple de l’évolution en montagnes russes des matières premières. En 2011, il valait près de 200 $US la tonne avant de s’écrouler de 80 % fin 2015, à moins de 40 $US. La tonne s’échangeait récemment 90 $US environ. Le cuivre rebondit aussi, une grève dans la mine Escondida de BHP au Chili, la plus grande mine de cuivre au monde, contribuant à la tendance.


D’après Andrew Driscoll, analyste chez CLSA, les principaux facteurs à l’oeuvre sont la demande et des contraintes d’approvisionnement en Chine.


Pékin a pris des mesures début 2016 pour soutenir les achats d’appartements et relancer le secteur crucial de la construction en facilitant l’octroi de crédits immobiliers, tout en dopant massivement les dépenses publiques dans les projets infrastructures. « La demande s’est révélée meilleure que prévu, portée par ces deux sous-secteurs pendant une bonne partie de l’année », explique-t-il à l’AFP.


Dans le même temps, Pékin a adopté des réformes environnementales qui renchérissent la production des matières premières polluantes en Chine. L’élection de Donald Trump, qui fait espérer des dépenses d’infrastructures massives aux États-Unis, et la promesse du gouvernement indien de moderniser les routes, les aéroports et les chemins de fer apportent également leur pierre à l’édifice.


Énormes bénéfices


Les deux plus grands du secteur — les Anglo-Australiens BHP Billiton et Rio Tinto — viennent d’annoncer d’énormes bénéfices pour 2016 alors qu’ils avaient plongé dans le rouge l’année précédente. Le brésilien Vale a fait part de résultats en forte hausse. Le britannique Anglo-American a signé un spectaculaire retour dans le vert.


La reprise des cours du charbon a motivé la réouverture de mines par des opérateurs comme le géant suisse Glencore. Après s’être déclarés en faillite, des producteurs de charbon américains comme Alpha Natural Resources et Arch Coal sont de retour. Warrior Met Coal, qui possède les principaux actifs de Walter Energy, en faillite, embauche tandis que Peabody Energy envisage sa réintroduction en Bourse.


« C’est un exemple intéressant qui montre comment la boucle a été bouclée », poursuit M. Driscoll. « On est sortis du tunnel, ces groupes se sont restructurés, et l’environnement est bien plus favorable au charbon. » À mesure que les trésoreries gonflent, les actionnaires pourraient bénéficier de vagues de rachats d’actions et le secteur renouer avec les fusions et acquisitions.


Bémol


Mais, préviennent les analystes, l’industrie pourrait y regarder à deux fois avant de se lancer dans les grandes dépenses qui pourraient se retourner contre elle si les cours dégringolent à nouveau. Des ressources comme le charbon font face à des pressions à long terme, concurrence du gaz naturel peu coûteux ou demande d’énergie propre. Même la demande en Chine pourrait avoir atteint un plateau, selon certains analystes, à l’heure où le géant asiatique entend rééquilibrer son économie vers les services et la consommation intérieure.


Un facteur déterminant pourrait être cependant le dollar américain dans lequel s’échangent les matières premières. Les projets d’investissements et de réforme fiscale évoqués par Donald Trump devraient nourrir l’inflation. La Réserve fédérale américaine devrait augmenter les taux d’intérêt ce qui renforcerait le dollar. Or, un billet vert coûteux renchérit les achats des investisseurs munis de devises différentes.


Le dollar, « c’est probablement le vent contraire mondial qui empêchera les matières premières de réaliser des performances solides », a dit à l’AFP David Lennox, analyste chez Fat Prophets.

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