Le conflit réduira les exportations forestières

Les exportations québécoises tourneront la page sur une année 2016 peu reluisante, avec une augmentation de 3 %.
Photo: Mark Spowart La Presse canadienne Les exportations québécoises tourneront la page sur une année 2016 peu reluisante, avec une augmentation de 3 %.

Le conflit du bois d’oeuvre qui se profile entre les États-Unis et le Canada aura pour effet de diminuer d’environ 1 % les exportations forestières du Québec en 2017, alors qu’elles auraient dû croître en temps normal, croit l’agence fédérale EDC.

La récente expiration d’une entente de dix ans soulève la possibilité très réelle de l’imposition de tarifs douaniers dès ce printemps, ce qui fait craindre le pire aux entreprises et municipalités dont le sort est étroitement lié à cette activité.

Le spectre d’un conflit s’est cristallisé la semaine dernière lorsque l’industrie américaine, selon laquelle les producteurs canadiens profitent de conditions injustes qui s’apparentent à des subventions, a déposé sa requête judiciaire pour concurrence déloyale et dumping.

La vigueur du secteur résidentiel au sud de la frontière bénéficie à l’industrie canadienne depuis plusieurs années. Sans conflit, les exportations forestières grimperaient probablement de 5 % ou 6 %, selon EDC.

 

Le principal facteur de croissance

 

« Le secteur du bois d’oeuvre est évidemment le principal facteur de croissance, alimenté par la croissance à deux chiffres dans la construction résidentielle américaine. Le papier est faible et n’est pas affecté par l’entente sur le bois d’oeuvre », a indiqué au Devoir l’économiste en chef d’EDC, Peter Hall. Il était de passage à Montréal hier pour présenter ses observations à quelques dizaines de clients de l’agence, spécialisée dans le financement à l’exportation et le service-conseil.

Le gouvernement québécois, l’industrie, les syndicats et l’Union des municipalités du Québec demandent à Ottawa d’offrir un programme de garanties de prêt aux compagnies du secteur. Québec souhaite notamment que l’enquête « éventuelle » en droits compensateurs s’effectue sur « une base agrégée plutôt que par compagnie ».

Environ 30 % du bois d’oeuvre consommé aux États-Unis est de source canadienne, selon l’industrie. Les droits pouvant être imposés ce printemps atteindront plus de 20 %, prévoit-elle. Au Québec, la foresterie représente 60 000 emplois directs et indirects, soit les deux tiers de ce qu’elle comptait au milieu des années 2000.

Dans un communiqué publié mardi, le ministre québécois des Forêts, Luc Blanchette, a dit que « le Québec fait appel au gouvernement fédéral pour s’assurer que nos exportateurs auront accès au marché américain, et ce, malgré l’existence d’un recours commercial ».

Exportations totales

 

Dans l’ensemble, les exportations québécoises tourneront la page sur une année 2016 peu reluisante, avec une augmentation de 3 % l’an prochain, prévoit EDC, qui se garde pour l’instant de quantifier l’effet Trump sur le commerce transfrontalier.

M. Trump a fait campagne sur une toile de fond décrivant les vertus qu’il associe au protectionnisme, allant jusqu’à dire qu’il veut renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain liant les États-Unis, le Canada et le Mexique. Depuis son élection, il est toutefois demeuré plutôt muet sur l’ALENA. Certains observateurs ont rappelé, après sa victoire, que le Canada est le principal partenaire commercial de 34 États américains.

« Il s’est dit pas mal de choses folles pendant la campagne américaine, des deux côtés, surtout au sujet du commerce international, a dit M. Hall. Nous essayons de faire preuve d’un bon jugement entre la rhétorique de campagne et la réalité. »

EDC a dû revoir ses prévisions à la baisse. Au printemps, l’organisme prévoyait une croissance globale de 5 % pour 2017.

« Nous avons réduit le chiffre, car le secteur des métaux ne se rétablit pas comme nous l’avions prédit. Les prix des matières premières ont récemment pris du galon, mais des ralentissements de production posent problème,a expliqué M. Hall. C’est un gros secteur pour le Québec, notamment à cause de l’aluminium. » Il représente environ 25 % des exportations québécoises. Celles-ci semblent se diriger vers un recul de 9 % cette année, mais pourraient grimper de 1 % en 2017.

Quant au secteur aérospatial, les exportations devraient augmenter de 8 % en 2016 et de 6 % en 2017.

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