Les actionnaires minoritaires en rajoutent dans Ciment McInnis

Les actionnaires minoritaires rajoutent 31,75 millions dans l’aventure de la cimenterie McInnis. Investissement Québec passe son tour et cède son rang prioritaire parmi les créanciers au gestionnaire de fonds BlackRock, en retour d’un taux de rendement accru.
Désormais l’actionnaire de contrôle du projet de cimenterie en Gaspésie, la Caisse de dépôt et placement du Québec a fait le point sur les activités et le financement de Ciment McInnis. Au refinancement de 250 millions annoncé le 11 août en réponse à des dépassements de coût de près de 40 % sur une enveloppe initiale de 1,1 milliard s’ajoute une contribution additionnelle de 31,75 millions venant des actionnaires minoritaires.
« Avec le redressement important des opérations et ce nouveau financement de quelque 280 millions, tout est en place pour mener le projet à terme et dans les délais », a précisé mardi Christian Dubé, premier vice-président, pour le Québec, de la Caisse. La phase de construction est terminée à 75 % et les premières livraisons de ciment doivent débuter au printemps.
Partenaire de la première heure dans le projet avec une injection de 100 millions dans le capital-actions et un prêt subordonné garanti de 250 millions, Investissement Québec a tenu sa promesse et n’injecte pas de somme additionnelle dans l’opération de refinancement. Cette dernière reposait sur une contribution additionnelle de 125 millions de la Caisse sous forme d’actions privilégiées et sur l’arrivée de BlackRock, avec un engagement de 125 millions sous forme de débenture. Québec avait alors refusé de remettre la main dans sa poche, acceptant ainsi une dilution.
Pas d’argent frais
« Il n’y a pas de nouvel argent d’Investissement Québec », a confirmé mardi Cynthia St-Hilaire, attachée de presse au cabinet de la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation. Mais l’entente a été renégociée au complet. « Nous passons sous BlackRock. On passe du deuxième au troisième rang » dans la liste des créanciers prioritaires « en contrepartie d’un meilleur rendement, d’un taux plus élevé. Le projet est terminé à 75 %, le risque devient moins grand. La situation a été maîtrisée et nous allons chercher un meilleur rendement », explique-t-elle.
Le syndicat bancaire mené par la Banque Nationale, qui a prêté 360 millions, conserve son premier rang de créancier.
« L’accélération des travaux sur les différents chantiers de l’entreprise, en commençant par celui du complexe industriel à Port-Daniel–Gascons, permettra la réalisation du projet à temps pour que les premières livraisons de ciment aient lieu ce printemps. L’équipe de Ciment McInnis a d’ailleurs commencé la phase d’exploitation en octobre par des tests sur la ligne de concassage et les convoyeurs permettant d’acheminer le calcaire prélevé dans la carrière jusqu’à son entrepôt. Dans les prochains jours, le terminal maritime de l’entreprise accueillera son premier navire », a ajouté la Caisse dans son communiqué.
Au terme de la période de rodage, la cimenterie aura une capacité de production annuelle de 2,5 millions de tonnes. À ce niveau de production maximale, la cimenterie pourrait émettre 1,76 million de tonnes de gaz à effet de serre. « Grâce notamment à une technologie européenne de pointe et à une très grande efficacité énergétique, le ciment de McInnis aura une empreinte carbone de 20 % inférieure par tonne de ciment produite par rapport à la moyenne du parc nord-américain de cimenteries », indique-t-on dans le communiqué.
L’engagement de la Caisse de dépôt est passé de 100 millions à 265 millions en réponse aux dépassements de coûts de quelque 400 à 450 millions reconnus en juin dernier. Dans le cadre de ce refinancement, l’institution est devenue l’actionnaire de contrôle de la cimenterie. Les Beaudoin-Bombardier étaient relégués au rang de minoritaires au sein du holding Beaudier Ciment, qui détient une participation de 66 % dans Gestion McInnis.