Exxon pense devoir déprécier la valeur de son actif

Irving — Les profits d’Exxon ont continué à diminuer au troisième trimestre en raison de la faiblesse des prix du pétrole brut, ce qui a forcé l’entreprise à mettre la hache dans ses investissements pour la production à venir.
Exxon Mobil a affiché vendredi un bénéfice du troisième trimestre de 2,65 milliards $US, en baisse de 38 % par rapport à celui de la même période l’an dernier. C’était le huitième trimestre consécutif à montrer une baisse des profits de la pétrolière par rapport à l’année précédente. Malgré tout, il s’agissait du meilleur trimestre d’Exxon depuis le début de l’année.
Aux yeux du président et chef de la direction d’Exxon, Rex Tillerson, l’environnement d’affaires de l’entreprise « reste difficile ». Les prix du pétrole ont touché des creux de longue date cette année, mais ont pris du mieux depuis, pour se retrouver aux environs des 50 $US le baril. Cependant, a prévenu Exxon, si les cours moyens ne s’améliorent pas d’ici la fin de l’année, la société pourrait devoir réduire l’évaluation de ses réserves prouvées de jusqu’à 4,6 milliards de barils.
Pas justifiable
Pour près d’un cinquième des réserves d’Exxon, essentiellement au Canada, il pourrait ne pas être justifiable, du point de vue économique, de tirer le pétrole du sol, fait valoir l’entreprise. Exxon va ainsi étudier la possibilité de déprécier la valeur de ces éléments d’actif.
Sont concernés le projet Kearl dans les sables bitumineux au Canada et les puits de gaz naturel en Amérique du Nord. Plus précisément, le géant texan pourrait réduire ses réserves de 3,6 milliards de barils sur le site de Kearl et d’un milliard supplémentaire sur les autres sites nord-américains, soit 19 % de ses réserves totales, un record depuis la fusion entre Exxon et Mobil en 1999.
« Jusqu’à ce que cet examen soit terminé, il ne serait pas raisonnable de parler de potentielles dépréciations d’actifs », a averti Exxon, qui répète avoir l’habitude de sous-évaluer ses puits pour éviter toute mauvaise surprise. Il n’empêche que cette décision est une concession car l’autorité des marchés financiers américains et le procureur général de New York, Eric Schneiderman, ont exprimé leur étonnement de ne pas voir la major ne procéder à aucune dépréciation de ses actifs pétroliers, alors que les entreprises énergétiques américaines ont reconnu que l’ensemble de leurs gisements valait environ 200 milliards de dollars de moins que leurs estimations initiales, selon le cabinet Rystad Energy.
Les deux régulateurs, qui veulent également savoir comment ExxonMobil mesure et évalue les risques financiers posés par le besoin de limiter l’utilisation des énergies fossiles, ont demandé des documents confidentiels en août au groupe et à son auditeur, le cabinet PricewaterCoopers, avaient indiqué en septembre des sources proches du dossier à l’AFP.
Comme d’autres pétrolières, Exxon réduit ses dépenses en immobilisations pour traverser la crise des prix du pétrole, qui a débuté à la mi-2014. Au plus récent trimestre, Exxon a investi 4,19 milliards, un montant en baisse de 45 % par rapport à ses investissements de la même période l’an dernier. Depuis le début de l’année, Exxon a réduit de plus de 9 milliards ses investissements pour la production. Au plus récent trimestre, le bénéfice par action d’Exxon s’est chiffré à 63 ¢ US. Les revenus d’Exxon ont diminué de 13 % à 58,68 milliards.
Des profits pour Chevron
Chez Chevron, le bénéfice a dégringolé de 37 % à 1,28 milliard au troisième trimestre et le chiffre d’affaires de 11 % à 29,16 milliards. C’est toutefois le premier bénéfice de l’année pour le groupe californien, qui avait accusé une perte nette de 725 millions au premier trimestre, suivie d’un déficit de 1,47 milliard au deuxième. « Les résultats du troisième trimestre, quoiqu’en baisse comparés à il y a un an, reflètent une amélioration par rapport aux deux premiers trimestres de l’année », s’est réjoui le p.-d.g. John Watson, qui prévoit une hausse de la production au quatrième trimestre.
L’enveloppe affectée au développement des activités de forage, de plateformes, de terminaux et de gisements pétroliers et gaziers a réduit de plus de 10 milliards ses coûts sur les neuf premiers mois de l’année comparé à la même période en 2015.